Comment et dans quel sens est-ce que Marie peut être la mère et l’Épouse du Christ? L’expression « épouse du Christ » fait difficulté.
Beaucoup de théologiens ont du mal à comprendre comment Marie peut être l’Épouse du Christ. Certains s’y sont opposés. Pourtant beaucoup de saints et de docteurs ont utilisé l’expression en l’appliquant à Marie.
Il faut être très vigilant de ne pas faire de projections sur l’expression ! Ce qui est étonnant c’est que ces mêmes personnes n’ont aucun problème pour dire qu’une religieuse peut être considérée comme Épouse du Christ (Sponsa Christi). Ils n’ont aucun problème aussi pour dire que Marie est l’archétype de toute religieuse, sa meilleure réalisation, et son exemple ! va-t-on savoir comment ils n’arrivent pas à admettre que Marie est Épouse du Christ ! non seulement elle l’est, mais elle en est l’Archétype ! L’Église, qui est l’ensemble des fidèles est l’Épouse du Christ ! Saint Paul le dit ! aucune difficulté pour l’admettre ! que Christ soit nommé « Époux » dans l’Évangile ne leur pose aucun problème ! Dire que Marie est l’archétype de l’Église ne pose aucun problème ! l’Église est vierge et épouse du Christ ! à l’exemple de Marie ! alors, faire le pas, peu le font parmi les théologiens ! Un siècle de Freudisme nous a rendus fébriles !
C’est là le danger, c’est de sombrer dans des considérations qui ôtent de l’expression épouse appliquée à Marie, à l’Église, à chacun de nous, à la religieuse, etc… tout son sens exact.
Personne n’a du mal à dire que le Christ est le Nouvel Adam ! c’est du Saint Paul. Une bonne majorité de fidèles et de théologiens n’ont aucun problème pour considérer que Marie est la Nouvelle Ève ! Que je sache, quelle est la relation qui relie Adam à Ève ? elle est sponsale ! alors, il faut savoir ce que l’on veut !
C’est là le problème, on n’arrive pas à comprendre que Marie est Vierge aussi, et que la virginité n’est pas avant tout une affaire physique mais le don total de soi en pureté à l’unique époux !
De plus, notre compréhension de la « maternité » de Marie elle aussi doit être purifiée. Nous pensons maternité comme ce qu’une mère vivrait. Or, pour le Christ, quand il nous révèle sa Mère, il nous invite à comprendre sa maternité de manière plus profonde que la question de concevoir, passer par une grossesse, mettre au monde, allaiter, éduquer etc. On lui dit un jour « ta mère et tes frères sont dehors, ils te cherchent ». Que répond-t-il ? « qui est ma mère », c’est-à-dire comment comprendre la maternité de ma mère, et il dit « ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique ». Donc, ce qui fait la maternité de Marie c’est qu’elle a engendré dans son cœur, par la foi, la Parole Éternelle ! Elle a cru en ce que l’Ange lui a dit de la part de Dieu et elle s’est offerte pour que Dieu s’incarne en Elle ! C’est ce qui fera dire à Saint Ambroise : Marie a d’abord conçu dans son cœur par la foi avant de concevoir dans son corps ! Voilà donc le sens profond de la maternité de Marie.
C’est en allant de manière plus profonde dans la notion théologique de « « maternité » et « virginité » ainsi que « épouse » et « époux » que l’on peut comprendre comment elles se rencontrent toutes en Marie. Que si culturellement certaines personnes ont du mal à accepter la conjonction de « mère » et « épouse », théologiquement elles s’appliquent de manière profonde à Marie. Non de manière corporelle, en ce qui est d’Épouse, bien sûr.
La tradition de l’Église a toujours vu Christ dans l’Époux du Cantique des Cantiques. Pour ce qui est de l’Épouse, elle a vu et ce, dans le même axe : l’âme, l’Église et Marie. Pourquoi l’un de nous serait épouse du Christ et non Marie, la première des Croyants et leur archétype ! absurde !
– Vous nous avez expliqué le terme “Époux” au début de la partie 3 avec le cœur (pour Dieu et amour humain). Est-ce que vous faites référence à cela aussi pour Marie ?
– Oui.
– Marie = l’Unique Épouse = la Jérusalem = l’Église. Pouvez-vous développer ?
– Comme je viens de l’expliquer plus haut il y a un lien existentiel entre chaque membre de l’Église et Marie. Il y a un lien du même ordre entre Marie et l’Église ! L’Église n’est Église que dans la mesure où elle est portée en Marie, engendrée par Marie, conçue à l’image et à la ressemblance de Marie, vierge et mère !
Tout être humain est invité à être conçu en Marie et par Marie. Nous sommes tous membres du Corps mystique du Christ. Marie, comme elle a donné sa foi pour engendrer le Christ par l’Esprit Saint, elle a aussi donné sa foi pour chacun de nous et a cru pour chacun de nous comme la double annonciation au début de l’Évangile de Luc le montre. Zacharie n’a pas cru ! Quand l’Ange mentionne à Marie que sa cousine est enceinte, nous pouvons considérer que Marie reçoit l’Annonciation aussi pour Zacharie et que quand elle dira « oui », son acte sera aussi un acte de foi « pour Zacharie » ! Ce qui permettra par la suite à Zacharie et Élisabeth et à chacun de nous, en reconnaissant que Marie a cru pour lui, de commencer à croire, de recevoir humblement le Don que Dieu nous fait de la Foi de Marie ! Chacun de nous est invité à reconnaître et à professer que Marie a cru pour lui ! Chacun est invité à noter que Marie vient à lui et par la suite à dire avec Élisabeth : « Comment m’est-t-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne à moi ! » Chacun est invité à reconnaître : « Bienheureuse celle qui a cru [moi je ne peux croire par moi-même] aux Paroles qui lui ont été données de la part de Dieu ».
Parmi ces paroles que Marie reçoit il y a les futures paroles que Dieu nous adressera ! Toutes ! C’est-à-dire que par ce qu’elle a vécu, Marie a cru « pour moi ». Voilà son autre maternité, sa maternité spirituelle comme on l’appelle, c’est-à-dire la maternité qu’elle a pour chacun de nous ! Nous sommes façonnés par cette acceptation de sa préséance dans le domaine de la Foi, nous sommes façonnés par le fait que nous reconnaissons qu’elle a cru « pour nous », personnellement. Nous sommes façonnés par cette humilité de reconnaître la préséance de Marie. C’est par cette humilité que nous recevons la Grâce de voir sa Foi si pure « passer en nous » ! Car il n’y a pas d’autre foi qui puisse être donnée à Dieu ! C’est la Foi de Marie que nous pouvons offrir à Dieu. A la Messe nous disons : « ne regarde pas nos péchés (nos incapacités de croire) mais la foi de ton Église » : c’est-à-dire : regarde en nous la foi de Marie qui est en nous ! car la foi de l’Église est la foi de Marie.
L’Église ne peut exister en dehors de cette transformation en Marie !, de cette l’œuvre de sa « construction » à l’image et à la ressemblance de Marie !
Dans ce sens, on peut comprendre les paroles profondes et mystérieuses de St. Augustin qui dit que tous les élus sont « enfermés » en Marie, dans le sein mystique de Marie ! Car c’est en recevant la foi de Marie que l’Esprit Saint nous façonne à son image et ressemblance pour devenir de véritables épouses du Christ, comme Marie. Devenir de petites Marie.
Il n’y a d’Église qu’en Marie et par Marie ! l’Eglise ne peut exister que si elle est comme Marie, façonnée par elle. C’est dans ce sens que Marie enfante l’Église ! C’est dans ce sens qu’en regardant la Croix, il nous faut d’abord contempler la sortie de Marie du côté du Christ, avant la sortie de l’Église ! Marie existe avant l’Église ! Elle la précède et l’enfante à la vie divine ! C’est dans ce sens que Marie est l’Ève Nouvelle, la mère de tous les vivants !
Le catéchisme dira : « la dimension mariale de l’Église précède sa dimension pétrinienne » (CEC 773). Pétrinienne, c’est-à-dire de Pierre, le Pape.
– Que veut dire le Sein de Marie ?
– Comment je viens de l’expliquer, Marie a un sein mystique ! C’est-à-dire que la Charité divine l’a tellement élargie et permis de porter en elle, dans son cœur, dans son sein mystique tous et chacun de nous !
Chaque acte que Marie pose dans sa vie a deux composantes : une pour elle et une pour chacun de nous. C’est ainsi qu’elle nous porte, c’est ainsi qu’elle nous communique la Vie Divine, comme la mère communique à l’enfant enfermé dans son sein la vie et la nourriture.
– La terre = parle-t-on de Jérusalem ou de Marie “s’attache à sa femme (la Nouvelle Terre), Marie […]”?
– Marie est par excellence la terre ! Elle est « la bonne terre » de la Parabole du Semeur, selon une lecture traditionnelle (peu explorée mais assez claire) ! Quand on parle de terre, ceci implique bien sûr l’existence d’une semence. Mais dans cette image (la terre-semence) la semence correspond à Dieu! Notre Foi a deux polarités, son objet (Dieu, Christ, la Parole) et son sujet : le disciple, celui qui croît. Cette polarité est exprimée de différentes manières dans l’Évangile. La plus utilisée est celle qui est énoncée dans la parabole clef et inaugurale, la parabole du Semeur : la semence et la terre ! ceci dit il y a d’autres images qui expriment la polarité de notre foi : le vin nouveau et l’outre neuve.
Cette polarité de la foi se réalise et se vit par tous les disciples du Christ : par Marie, par chacun de nous, par l’Église. Mais il est évident que tout se réalise d’abord et parfaitement en Marie et pour ce qui est du reste (c’est à dire : chacun de nous et l’Église) ceci ne peut se réaliser en nous ou dans l’Église qu’en et par Marie. La réalité profonde de Marie instaurée par le Baptême, est en fait la base de l’être humain nouveau! L’être humain et l’Église deviennent un prolongement de Marie ! Marie doit venir et vivre son mystère dans chacun de nous ! (Qu’on ait conscience ou pas ! sans conscience, cela amoindri la croissance et le développement. Penser cela est raisonnable, je pense.)
Dans le baptême les parrains disent au prêtre qu’ils demandent la Foi à l’Église ! C’est en fait de la « foi de Marie » dont il s’agit. Ce n’est pas tout à fait développé aujourd’hui encore, mais c’est ainsi.
Donc la bonne « terre » s’applique à Marie par excellence. Et cela s’applique par la suite à nous, en Marie et par elle. Idem pour l’Église.
La Jérusalem nouvelle c’est la somme de toutes les personnes en qui et par qui Marie a cru en Christ. C’est Marie l’élément qui détermine l’appartenance à l’Eglise, à la Jérusalem Nouvelle.