Ce qui suit est une étude et analyse de deux « systèmes » [1] (note en bas de page) de vie possibles. Un système comprend une vision de la vie et une pratique (un ensemble d’actes). Pourquoi deux systèmes? Quand on lit l’Evangile on se rend compte que nous sommes face à un choix entre deux systèmes. Chacun ayant ses lois, sa mentalité, ses habitudes.

Le Christ est venu nous indiquer un système de vie: la vie baptismale. Le baptême est une immersion dans la Personne du Christ. C’est le second système sur le tableau qui suit (« système de Dieu »). Il nous fait vivre « dans le monde » tout en n’étant pas « du monde »[2]. « Vivez en Christ » nous dit saint Paul. « Demeurez en moi » (Jn 15,4) dit le Seigneur dans saint Jean. Le Seigneur nous veut comme un petit enfant immergé dans la foule, comme un Agneau au milieu des loups, comme une Colombe au milieu des dangers. Pour vivre de cette manière, il suffit de se déterminer à entrer dans le « système » que le Christ est venu nous proposer (Ste Thérèse d’Avila dira : « faire sa volonté à la perfection »).

         Prenons ce passage des Ecritures pour illustrer notre propos: « Je vous le dis, frères: le temps se fait court. Que désormais ceux qui ont femme vivent comme s’ils n’en avaient pas; 30 ceux qui pleurent, comme s’il ne pleuraient pas; ceux qui sont dans la joie, comme s’ils n’étaient pas dans la joie; ceux qui achètent, comme s’ils ne possédaient pas; 31 ceux qui usent de ce monde, comme s’ils n’en usaient pas vraiment. Car elle passe, la figure de ce monde. Je voudrais vous voir exempts de soucis. L’homme qui n’est pas marié a souci des affaires du Seigneur, des moyens de plaire au Seigneur. 33 Celui qui s’est marié a souci des affaires du monde, des moyens de plaire à sa femme; 34 et le voilà partagé. De même la femme sans mari, comme la jeune fille, a souci des affaires du Seigneur; elle cherche à être sainte de corps et d’esprit. Celle qui s’est mariée a souci des affaires du monde, des moyens de plaire à son mari. 35 Je dis cela dans votre propre intérêt, non pour vous tendre un piège, mais pour vous porter à ce qui est digne et qui attache sans partage au Seigneur. » (1Co 7,32-35)

         C’est puissant de voir que Paul propose à tous le même idéal: ne pas avoir de soucis, et il l’explique: il veut que le cœur du chrétien sois indivis, sans partage, donné tout entier au Seigneur. C’est en effet une idolâtrie que d’avoir un cœur partagé.

Pour mieux voir la différence entre une fausse vie chrétienne et une vraie vie chrétienne selon le baptême nous trouvons ci-dessous un tableau qui montre les deux genres de vie. La colonne de gauche montre les critères pour évaluer les deux comportements ou systèmes, et les deux autres colonnes montrent chacun des deux modes de vie ou systèmes:

Critères

 

Système pseudo-chrétien

En fait « système du monde »

 

Système de Dieu

Modalité de fonctionnement Modalité humaine de mener une vie chrétienne Modalité divine de vivre la vie chrétienne,

une vie d’en haut

le Maître et le véritable Seigneur est:  

On prétend que c’est Dieu mais en fait c’est:

« Dieu et Mammon »,

Dieu [purement]

(le Royaume de Dieu)

Qui a la première place dans notre coeur Nous-mêmes Dieu
La pureté du cœur Le cœur n’est point pur

On n’aime pas Dieu en vérité

Pureté effective : « heureux les purs de cœur »

On aime Dieu en vérité

Les Plans  

Nous partons de nous-mêmes, de notre vision.

Nous-mêmes nous possédons les plans de notre vie et nous décidons que faire, quels moyens utiliser (2ième cas dans l’exemple de la danse) et quelle lutte entreprendre.

Comme si on prenait le volant de la voiture et le Christ était assis à côté de nous.

Nous faisons les plans et nous les imposons à Dieu et notons qu’il y a de très bons plans!!

Nous partons de Dieu : voie sapientielle.

C’est Dieu qui fait les plans et qui les a. Il dispose tout dans les plus infimes détails: « un cheveu de votre tête ne tombe que Dieu le voit ».

Ce système vient de Dieu, il descend comme l’Epouse (cf Ap 21,2) d’en haut. Il est comme une nuée qui prend l’être humain sous son ombre. Il est comme le manteau virginal de Marie (cf. Tej qui veut vivre sous ce manteau de Marie). Les plans viennent de lui, je n’ai pas à les créer. J’ai à contempler ses plans et à les réaliser. S Jean quand il écrit son Apocalypse, le Seigneur lui dit: regarde la cité comment elle est, voilà le plan; et quand Moïse doit décrire le Temple de Jérusalem, Dieu lui dit la même chose: regarde le Temple comment il est.

Le but à poursuivre Dieu et le monde,

Dieu et César (politique),

Dieu et le prochain (le social) une bonne cause

Dieu et Mammon, l’argent(économie),

le plaisir etc.

Un bel idéal en fait mais une belle construction humaine!!!

Dieu uniquement aimé et recherché par dessus tout;

l’union avec Dieu est le but de la Vie.

« Cherchez le Royaume de Dieu et tout le reste vous sera donné. »

La perle précieuse, le trésor caché pour lequel on vend tout.

La veuve a donné tout ce qu’elle avait pour vivre.

Les événements Sont parfois « pour nous » et parfois « contre nous ».

Des fois « cela marche » et des fois « cela ne marche pas ».

Sont toujours voulus de Dieu pour notre bien: « tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 5). Même si cela n’est pas perçu ainsi à première vue. Tout sert le but; tout est moyen pour arriver au but. C’est l’économie de l’Evangile. Je me suis donné à Dieu; il ne peut pas manquer à sa promesse.
 

L’énergie du cœur

 

(Ces idées sont bien enracinées dans le cœur des chrétiens et c’est dangereux.) Une partie va à Dieu et une autre va vers le prochain. Cela paraît normal car cela ressemble bien au deuxième commandement. César, Mammon etc… l’homme est divisé.

Le cœur est partagé entre les soucis du monde et ceux de Dieu.

Toute l’énergie de l’homme va vers Dieu uniquement:

« Tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. »

Le premier commandement dit: Tout. Et il est clair. Je donne ma vie, tout mon temps à Dieu. Il n’y a pas « maintenant je prie » et « maintenant je suis dans le monde ». Toute mon énergie est à Dieu, partout et en tout temps. Quand je prie, quand je suis au travail, avec ma femme, mes enfants, quand j’achète et quand je vends. « Tout » ton cœur et « tout » ton temps. Si tu le veux bien. Personne ne t’y oblige.

Je dois m’aimer moi-même. Aimer Dieu c’est s’aimer soi-même. Tu aimeras de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton énergie, de toute ta pensée, c’est du bon christianisme, mais aimer son moi correctement. Le moi n’est pas haïssable comme dit Pascal, parce que si nous haïssons le moi, la grâce va travailler avec qui? Jésus va travailler avec qui? avec le haïssable?

Et tu aimeras ton prochain comme toi-même. Le second ressemble au premier, parce que dans le premier je me suis aimé moi-même (en aimant Dieu avec tout mon être). Toute mon énergie va vers Dieu ou vers moi-même, n’ayons pas peur de le dire; mais correctement, dans la lumière.

Le cœur est entièrement donné à Dieu, indivis, sans « distraction »hors de Dieu. « Je vous veux exempts de soucis » dit saint Paul et je veux que votre cœur soit totalement attaché au Seigneur, ayant l’unique souci de Lui plaire à Lui seul. (cf. 1Co 7,29-35) « Une seule chose est nécessaire [au cœur humain]«  (Jésus à Marthe)

Quel homme fonctionne et suit le Christ ? L’homme ancien L’homme nouveau
 

Confiance en quoi, en qui

La confiance est mise dans des moyens humains.

Il y a des plans, même dans la vie religieuse, dans le travail, partout. Dieu sait s’il faut du courage dans la vie pour ne pas appartenir à ces plans. Quand nous ne faisons pas partie du plan, du parti, du clan, de la tribu, des intrigues, des qu’en dira-t-on, de la calomnie, cela peut bien nous causer des ennuis. C’est quoi pourtant être chrétiens ? Où est la pureté du cœur? Souvent on vend sa conscience le plan, pour les intrigues. C’est dur de résister jusqu’au sang (He) d’être droit dans la vie ; on le paie très cher. Ne pas faire dans la « politique ».

Confiance totale en Dieu: car il est le Seigneur et Père. C’est lui qui va me défendre. L’homme ne s’appuie pas sur un ensemble de sécurités, de garanties. C’est sa foi en Dieu qui est Père qui est son seul appui. Nous ne parlons pas des devoirs civiques, des assurances, des sécurités sociales, nous parlons du fonctionnement du cœur. Dieu est mon seul rocher, mon défenseur. C’est lui qui ouvre la voie devant moi et trace mon chemin.
 

Richesse?

Richesse relative et des choses manquent encore. Le religieux est théoriquement pauvre, mais l’est-il? Il peut continuer à désirer telle ou telle chose. Le pauvre dans la rue n’est pas pauvre s’il voit une belle voiture passer et la désire, pire encore s’il a de la haine pour la personne qui la conduit. C’est un état d’esclavage ; le cœur est d’une certaine manière souillé. L’appui est sur Dieu, à qui appartient le ciel et la terre, les champs et les mers.

Grande pauvreté et pourtant rien ne nous manque. Riche de tout le nécessaire.

Le cœur est pur. Mon Dieu est mon trésor.

L’état Esclavage Liberté
La paix Inquiétude, peur angoisse (pour demain), tristesse. Abandon (au milieu même des pires épreuves), joie, bonheur.
 

Les yeux

On cherche Dieu, on ne le trouve pas toujours car le cœur est encombré d’autre choses quêtes et attachements. Les événements ne sont pas transparents à nos yeux car ils ne savent entrevoir. Ce qui se passe autour de nous n’est plus icône, c’est un mur qui ne fait pas passer la lumière. Dieu semble silencieux. Les yeux sont éclairés. La vie, les événements sont un vitrail, une icône qui font passer la lumière et la lumière c’est le Christ. Nous sommes heureux car nous voyons Dieu derrière tout événement.

Le cherchant de tout son cœur on l’entrevoit dans les événements, il apparaît et disparaît pour nous attirer.

On le rencontre, on le voit. Dieu nous parle.

 

Effort

On cède à la facilité de ne pas croire que ce système est défectueux. La première erreur est de croire que le système de Dieu n’existe pas, qu’il est une utopie qui n’a jamais pu être appliquée, qu’il n’y a que les saints qui y parviennent. Nous pensons qu’il nous faut faire une combine, des compromis, une petite cuisine en nous disant qu’il nous faut aussi aimer notre prochain (lui donnant ainsi une part de notre cœur). L’effort va se tourner vers le prochain et c’est consolant, pratique.

On clame haut et fort pour se disculper qu’il faut aussi aimer le prochain (en fait on l’aime pour lui-même! Et non en vue de Dieu.).

Se laisser aller au point de vue pratique.

Demande de la foi: croire que cela existe, que c’est ainsi.

On se remet en cause tous les jours pour refaire le don de soi, conscients que nous vivons dans ce monde et que la poussière nous atteint et que nous devons tous les jours nous re-donner, étant donné que nous passons constamment d’un système à l’autre. C’est pour cela que le Christ a dit: Veillez!

Requiert un courage des plus virils, une détermination, une persévérance, un héroïsme plus grand que celui des plus grands héros de guerre (Thérèse de Jésus). Car la bataille est quotidienne et dans la vie spirituelle ou on avance ou on recule on ne stagne pas. Nous ne pouvons pas nous reposer ! Nous nous trouvons sur un terrain en pente et il est plus facile de faire le mal que le bien, alors si nous ne montons pas, en fait, nous descendons.

 

 

Don de soi

Pas de don de soi complet.

Parfois le « don de soi » est fait une seule fois, ponctuellement, mais il n’est plus renouvelé, alors nous retombons dans le don incomplet où l’on se reprend soi-même!

Don de soi complet dans la ligne du baptême

et est renouvelé tous les jours (car on se reprend trois minutes après)!

 

Genre de pratiques chrétiennes

Méditation

Pas d’oraison: se mettre en foi, en présence de Dieu, sans plus.

– Lectio surnaturelle

– Oraison: considération, méditation, contemplation. C’est la porte de ce système.

Unité/Division

Moyens et buts

La division règne dans ce système. Une fois il y a un moyen une autre c’est un obstacle qui apparaît à l’horizon. Tout le système est à la fois moyens et but car il donne d’avancer vers le but et donne Dieu lui-même à chaque pas.
L’amour du prochain En fait on ne sert pas le prochain selon Dieu le prochain (le conjoint, les enfants) ni l’Etat.

On sert parfaitement le prochain (le conjoint les enfants) et l’Etat. (cf. Chemin CC. 4,6 et 7)

Si nous nous contentons d’un regard superficiel, les deux colonnes se ressemblent et nous pouvons les confondre. Or il nous faut voir et agir « selon Dieu ». Il est trop facile de dire: « JE SAIS, on m’a tout appris »! Non on ne nous a pas tout appris. C’est le Seigneur qui nous apprend tout, du dedans, dans le silence de notre conscience. C’est lui le Maître et il va nous apprendre à aimer le prochain comme Lui l’entend.

Dans le Système du monde la division règne. Nous avons des obstacles variés. « Dieu » est la pancarte que je vais mettre pour me faire croire à moi-même que: « je sers la bonne cause » ! Et, en attendant, je fais n’importe quoi. L’intention ne suffit pas ! Dans le système de Dieu, ce dernier est le moyen et le but. Les deux sont en Lui. Point de division.

Remarque

         En fait il nous faut noter que le tableau devrait comprendre trois types de systèmes  au moins au lieu de deux :

Système purement humain Système pseudo-chrétien Système de Dieu

Des deux côtés, nous avons les extrêmes, celles où l’homme est soit à Dieu uniquement (de droite) soit à Mammon (le Monde, l’Argent) (à gauche, absente du précédent tableau). Une colonne de plus à gauche serait à ajouter donc. L’homme qui se croit et se veut pour Dieu mais qui est en fait partagé entre les deux c’est la colonne du milieu. C’est le voie du compromis que beaucoup de chrétiens prennent. Cette manière de classifier les manières de se comporter (en trois systèmes) a un énorme avantage: elle fait émerger cette voie du milieu qui est en fait un mélange, une tromperie en bonne et due forme. Comme dit le Prophète Elie : danser une fois sur un pied une autre sur l’autre (cfr. 1 Rois 18,21).

Nous pouvons résumer l’entreprise ainsi:

« Maintenant, pour en revenir à ceux qui veulent suivre cette voie (l’oraison), sans trêve, jusqu’au but, qui est arriver à boire cette eau vive, je répète que les débuts sont très importants; tout consiste en une ferme détermination très déterminée de ne point s’accorder de répit jusqu’à ce qu’on y atteigne, coûte que coûte, advienne que pourra, travaille que travaillera, médise qui médira, à condition d’y arriver, même si on mourrait en route ou si on manquait de courage devant les épreuves du chemin, même si le monde croulait. » (Thérèse de Jésus, Chemin de Perfection 21,2)

Nombreux sont les Laïcs qui refusent de s’abandonner à la Providence disant qu’il leur faut trouver du pain pour leur famille, souffrir et peiner. Or ils se trompent grandement car il leur faut entrer dans le système de Dieu. Mais ils ne peuvent croire à un tel système. Croire qu’ils ont raison d’en rester à leur position est grave car c’est travestir l’Evangile, c’est tolérer l’autre système, celui des deux maîtres. Or « nul ne peut servir deux maîtres: ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre » (Mt 6,24). Mais il se trouve que ce genre d’esprit qui combine deux positions ensemble imprègne profondément toute l’Eglise. On croit pouvoir s’en sortir en aimant Dieu avec des moyens humains. Il faut aimer Dieu avec les moyens de Dieu[3]. Il faut croire que Dieu s’occupe de nos affaires; mais à condition de nous occuper que des siennes (le Royaume). On s’occupe au contraire du reste et ensuite on pense à Dieu. Quelle offense à Dieu, croire qu’il n’est pas le Seigneur et Dispensateur de tout bien, qu’il ne règne pas sur le monde, que ce dernier n’est pas son lieu d’action. Quelle réduction de notre vie chrétienne en nous occupant de tant de choses[4]! Ne pas se décider à mettre sa main dans celle du Seigneur est un grand manque de foi en Dieu. Dieu est alors un Dieu incapable. Et le but à poursuivre dans la vie devient multiple.

Or Dieu nous a créés pour lui, à sa ressemblance, et seul Lui est notre vie notre nourriture. Rien d’autre ne peut constituer un autre but à poursuivre. L’homme est en puissance l’envers de Dieu (capax Dei). Quelle sottise que de s’occuper de tant de choses quand une seule, Dieu, vaut la peine (« Marthe Marthe une seule chose est nécessaire » (Lc 10,40)). Aberration. Dieu seul doit habiter notre cœur. Nous ne pouvons avoir d’autres créatures (même légitimes) dans notre cœur, elles sont comme des idoles qui font la concurrence à Dieu. Notre cœur est un trône où Dieu seul doit régner. C’est un choix personnel, celui de mettre Dieu à la première place et de manière exclusive dans notre cœur.

         Cela demande du courage que d’opter pour le système de Dieu. Le texte de sainte Thérèse d’Avila plus haut le montre. Un courage nécessaire mais oh combien libérant. « La vérité vous rendra libres » (Jn 8,32). Il faut noter que le fait d’entrer dans le système du Royaume de Dieu doit s’opérer nettement quant à la décision de la volonté. C’est à dire qu’il y a comme une révolution quant à l’attitude. On commence désormais par le haut. C’est à dire que le dosage des choses matérielles et spirituelles est pris en charge par le Seigneur.

Donc le point de départ est une décision de se donner au Seigneur, de reprendre l’attitude baptismale (lui appartenir totalement, être immergés en Lui) et donc de prendre un mouvement d’assomption: c’est le Seigneur qui, par en haut, réorganise progressivement notre vie. La démarche du Seigneur (le chemin qu’il va nous faire prendre) touche les étapes de transition car il est le chemin.  Si on Le suit, on avance sûrement. On se dégage lentement de l’ancien système. Il est absolument nécessaire alors que le plan de la journée provienne de Dieu. Il faut donc aller chercher ce plan, le voir, le comprendre un tant soit peu. Au lieu de faire des calculs humains, des prévisions, il est bon d’agir différemment: nous considérons le Seigneur vraiment comme seigneur de notre vie et chemin vers la plénitude. Il nous aide donc à sortir de l’ancien système, de ses séquelles.

Le dynamisme pour avancer est totalement différent. C’est désormais comme une force, une lumière, des directives qui viennent d’en haut et qui sont adaptées à la personne et aux circonstances dans lesquelles elle se trouve. Elle ne s’occupe désormais que d’une seule chose: elle cherche le Royaume de Dieu de tout son cœur et elle constate que tout le reste s’arrange de lui même comme par miracle, par une harmonie étonnante.

Donc essayer de se poser des questions concernant le comment des choses matérielles et de l’éventualité de compromis est une grave impureté introduite dans la recherche du Royaume. C’est comme considérer que le Seigneur à qui on a affaire n’est pas vraiment « Seigneur », c’est à dire « possédant la terre »!!! Il faut veiller à la pureté de la recherche et faire ce qu’il nous demandera de faire avec confiance. Il ne s’agit pas de démissionner de la vie mais au contraire de s’acquitter de sa tâche mais seulement de sa tâche et sans se préoccuper. L’idée d’un compromis est hors de question à ce niveau-là. Il faut suivre ce que demande le Seigneur au jour le jour. Il voit nos problèmes et il s’en charge. Mais notre tâche est de faire ce qui nous revient: chercher au quotidien sa volonté et par sa grâce la réaliser.

         On tombe très facilement dans le système du monde quand on est religieux. C’est vraiment gâcher sa vie. Et pourtant beaucoup parmi les religieux tombent dans le piège d’utiliser les paramètres et les valeurs du système du monde. La pureté du cœur requiert un acte de foi en Dieu.

Pour l’Oraison

Nécessité de choisir entre les deux systèmes avant de commencer à faire oraison. Avant tout un système est une vision des choses.

Car sans le don de soi, sans la détermination dans le choix d’un système, nous ne pouvons pas recevoir l’oraison surnaturelle. Or oraison qui n’est pas surnaturelle, est en quelque sort par chrétienne, pas du nouveau Testament.

Les systèmes sont en fait comme des modalités, modalité humaine, et modalité humaine d’aimer Dieu.

Le but dans les deux systèmes est prétendument Dieu, mais en fait l’un est Dieu purement et l’autre est Dieu mais « à manière humaine », donc en fait: « Dieu et … ».

 

Manière

 

manière du monde manière spirituelle manière pure
 

modalité chrétienne

 

modalité humaine

modalité divine

 

But

 

Terre « Dieu »

Dieu

 

modalité d’accès

 

humaine Humaine

Divine

 

Système

 

Monde « Monde »

« Dieu »

         S’approprier le baptême, s’engager, se donner, mettre sa main dans la main du Seigneur, c’est lui le chef. Confier sa vie au Seigneur.

         Dans toute formation à la vie spirituelle nous avons besoin d’avoir une explication profonde de l’existence des deux systèmes, de ce qui les distingue et surtout de comment opter pour celui de Dieu. Il faut donc introduire cette décisioncomme une étape décisive dans le cheminement vers l’Union. Il est bon d’illustrer cela par l’exemple du Prof de Math (Fayez. Voir plus bas) : faire la prière où l’on demande au Seigneur de nous trouver un temps, d’organiser notre journée, nous trouvez le temps pour la prière. Ensuite, être attentif à la réponse du Seigneur.

Ce sont les deux modes de fonctionnement de l’être humain et il est très important de faire la distinction. Nous ne discernons pas toujours et nous tombons souvent dans le mauvais système.

Il y a un « Système de Dieu » et un « Système du monde » Dans les deux système c’est un monde chrétien. C’est moi, chrétien engagé ! Quand je m’engage avec le Christ je passe d’un système à l’autre, donc je dois connaître les lois de cet autre système et comment il fonctionne, pour savoir comment circuler, comment bouger.

Je conclus : Il est tout à fait normal que, si je veux faire oraison, je ne dois pas m’étonner que cela ne marche pas si je ne me préoccupe pas de la question : Est-ce que j’appartiens au système du monde ou à celui de Dieu ?

Le « monde Chrétien » c’est bon, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Mais si vous vous laissez aller, ne venez pas ensuite parler d’oraison. S’il n’y a pas cet effort, ce combat pour passer du « monde chrétien » à Dieu, de ce système à l’autre, si je ne crois même pas à l’existence de l’autre système, il est inutile de continuer à lire.

J’aime bien ces remarques du Seigneur que l’on trouve chez le Prophète Agée: « Maintenant donc, ainsi parle Yahvé Sabaot. Réfléchissez en votre cœur au chemin que vous avez pris! Vous avez semé beaucoup mais peu engrangé; vous avez mangé, mais pas à votre faim; vous avez bu, mais pas votre saoul; vous vous êtes vêtus, mais non réchauffés. Le salarié a gagné son salaire pour le mettre dans une bourse percée! Ainsi parle Yahvé Sabaot. Réfléchissez en votre cœur au chemin que vous avez pris! » (Ag 1,5-7)

Ces paroles, transposées dans notre foi du Nouveau Testament, montrent que nous pouvons être chrétiens, mais l’être sans efficacité, l’être à modalité humaine, faire comme Pierre et les apôtres qui ont travaillé toute la nuit pour ne rien prendre car leurs moyens étaient humains[5]! C’est une autre manière de dire: « en vain se sont fatigués les bâtisseurs », ou encore: « vous ne pouvez rien faire [de vrai et de durable, de profond et d’efficace,] sans moi » (Jn 15)!

Oui, il est bon de réfléchir, de s’arrêter, de s’asseoir et de calculer si nous avons suffisamment d’argent pour construire la maison comme le dit le Christ dans l’Evangile! Pour atteindre Dieu, nous usons encore et toujours de nos échelles, pour aller à la Lune, nous le tentons encore, après 2000 ans de christianisme, avec nos bicyclettes! Il nous faut réfléchir comme nous invite Dieu par le texte d’Agée ou par les bouches du Christ: s’asseoir et faire ses comptes! Parcourir des millions de kilomètres dans l’espace, quelle entreprise: s’unir à Dieu! Mais avons-nous les moyens appropriés pour cela?! Sinon, quelle stupidité: nous avons construit une religion sans Dieu! Si Dieu n’y met pas la main, si c’est notre morale et nos actes qui font le changement, nous n’irons pas loin! Nous ne sommes pas allés loin en fait!

         Et la solution est déjà signalée par la suite du texte d’Agée: « allez dans la montagne rapporter du bois pour rebâtir la Maison de Dieu » que vous êtes! « aller dans la montage » signifie: voir comme Dieu voit, recevoir la modalité divine de voir, de comprendre et d’agir, d’aimer! C’est Dieu qui nous montre, surnaturellement la voie!


Le « don total de soi » point de transformation

(sous la lumière de la Présentation de Marie

et de la veuve qui a tout donné)

Il y a un point capital dans la vie humaine qui doit être clarifié ! C’est le point de passage d’un système de fonctionnement à l’autre !

Les deux systèmes de fonctionnement sont chrétiens dans leur but, mais l’un est à modalité humaine et l’autre à modalité divine !

Nous cherchons le bonheur, nous cherchons à nous connaître nous-même, nous désirons faire le bien autour de nous, nous souhaitons réaliser notre mission ! mais nous fonctionnons à l’envers, nous agissons comme si nous étions la source de la lumière, la source des orientations.

Or ça ne marche pas facilement car d’un autre côté nous avons notre vie, nos responsabilités, notre travail etc… la pression que tout ceci exerce sur nous nous fait courir et en fin de comptes nous ne trouvons aucun espace pour nous-mêmes et encore moins pour notre bonheur!

D’un côté nous avons la pression exercée par notre vie de tous les jours et de l’autre notre désir de bonheur, le désir profond de nous réaliser en plénitude. Les deux semblent à première vue incompatibles car assez distants ! Nous ne voyons pas non plus comment passer de l’un à l’autre ! l’un semble un idéal, un rêve presque irréalisable, et l’autre semble une prison, obscure, un esclavage auquel nous semblons voués par la force aveugle d’un destin sans pitié. Nous sommes face à une équation algébrique sans apparente solution. Comment combiner les deux, comment arriver à réaliser notre bonheur? Nous ne voyons pas la porte de sortie, ni le chemin ou les étapes à prendre.

Dieu a tout sauf notre liberté! Dieu est tout puissant, il possède tout dans le créé, mais il a décidé de faire de nous des êtres libres! Des êtres libres de l’aimer ou de ne pas l’aimer, des êtres libres de lui dire « oui » ou de lui dire « non ».

Au point de départ, notre être est conçu comme son paradis, mais dans ce paradis il y a un arbre qu’il s’est promis de ne pas toucher: notre liberté. Il ne touche pas à notre liberté, il n’ouvre pas la porte de notre cœur, il ne nous envahit pas! Son respect de notre liberté, de nos choix est absolu! On ne peut obliger quelqu’un que l’on aime à la folie de nous aimer! L’amour ne se commande pas!

Aimer c’est tout donner et se donner soi-même! Or nous nous appartenons à nous-mêmes! Entrer en relation d’amour avec Dieu ne peut avoir lieu sans que nous nous donnions à Dieu!

Il veut nous donner sa Sagesse, il veut nous indiquer les pas à prendre pour aller de ce Destin absurde vers notre bonheur! Il y a une infinité de dons à nous donner, il veut se donner lui-même à nous! Et voilà que la porte de notre cœur est fermée!

Pourtant nous lui demandons mille fois de nous aider, de nous indique la voie! Cependant, nous ne nous sommes pas donnés à Lui. Nous ne lui avons pas fait totale confiance, comme à un Dieu plein d’Amour pour nous et de Sagesse pour nous montrer la voie. Il nous connaît nous-mêmes mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes! Il sait comment nous faire sortir de ce lieu de ténèbres vers le Bonheur de la Lumière. Mais si on ne se donne pas à lui, si on ne décide pas de tout notre être de mettre notre main dans la Sienne, il ne peut agir!

Il frappe à la porte de notre cœur. La poignée de la porte de notre cœur est de notre côté!

A nous de nous asseoir, de méditer, de réfléchir, de nous mettre en sa Présence et de décider de nous donner à lui, de lui confier notre vie. A nous de renouveler ce Don de nous-mêmes tous les jours! Ceci est la seule chose que Dieu (qui est pourtant Tout Puissant) ne peut pas faire.

Saint Paul dit : « Tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 5). Mais « aimer » c’est « tout donner et se donner soi-même » ! « Se donner soi-même » est une décision qui va faire que tout le créé (le visible et l’invisible) va se liguer pour m’aider et m’ouvrir la voie pour avancer vers le Bonheur. C’est comme dire : « cherchez le Royaume » de tout votre être « et tout le reste vous sera donné par surcroît» sans que vous vous souciez à courir d’ici et de là pour le recevoir ou réaliser ! c’est comme dire : « qui cherche le Seigneur de tout son cœur le trouve »[6] (Ps) ! c’est le même type de fonctionnement ! Il y a en fait une sorte de déclenchement d’un processus qui a lieu quand on décide de se donner au Seigneur, totalement et sans condition. Quand on fait usage de notre arbre (l’arbre de notre liberté) envers Dieu et de manière entière, tout se met en branle dans notre vie afin que nous puissions nous réaliser et trouver le bonheur. Cela déclenche des synchronismes.

C’est étonnant de voir que Dieu, le Ciel, attendent ceci de notre part pour pouvoir commencer à agir et à le faire « de concert »! Dieu a les bras plein de biens, mais il n’arrive pas à nous les communiquer. La raison de cet empêchement provient du fait que nous n’avons pas opté de manière entière et déterminée pour Lui. C’est étonnant de voir l’immensité de l’Etre de Dieu comme stoppée à une porte étroite et n’arrivant pas à y passer !

Nous ne sommes pas conscients que nous avons suffisamment de liberté, que nous sommes invités à l’utiliser comme notre talent essentiel ! que nous pouvons l’utiliser toute entière vers Dieu. Nous ne sommes pas conscients du respect de Dieu envers notre liberté ! il s’est posé des limites qu’il ne franchit jamais : celles de la liberté de son interlocuteur possible : l’homme ! Dieu joue à fond le jeu de cette liberté : il est prêt à se voir essuyer des refus, des « non » de notre part ! s’il nous a créé libres c’est bien qu’il entend que nous le restions chaque jour ! c’est qu’il est prêt à entendre ou un « oui » de notre part ou un « non ». Et Dieu aime et honore notre liberté et pour cela il a un respect infini du choix délibéré de la part d’un homme de lui dire : « non ». De fait, cela montre plus de considération de notre part, plus le sens de la responsabilité ! Dans une parabole simple, il nous montrera qu’il ne s’agit pas de court-circuiter sa propre liberté en faisant semblant, que puisque Dieu est Dieu, de toute façon notre réponse à tout ce qu’il veut de nous est bien évidemment « oui » ! Non, nous devons prendre acte de ce qu’il nous demande et nous rendre compte que Dieu ne nous change pas sans notre propre libre participation ! On n’avance pas en donnant un « oui » général seulement ! chaque acte est une entité où la liberté se joue !

« « Mais dites-moi votre avis. Un homme avait deux enfants. S’adressant au premier, il dit: Mon enfant, va-t’en aujourd’hui travailler à la vigne. – Je ne veux pas, répondit-il; ensuite pris de remords, il y alla. S’adressant au second, il dit la même chose; l’autre répondit: Entendu, Seigneur, et il n’y alla point. Lequel des deux a fait la volonté du père » – « Le premier », disent-ils. » (Mt 21,28-29)

         Le premier qui dit : « je ne veux pas » a fait un usage plénier de sa liberté ! tandis que l’autre non ! l’autre est parti du principe que du moment que c’est Dieu qui demande, du moment que c’est le Père qui demande, on ne peut rien lui refuser ! Eh non ! où est alors la liberté ? Pourquoi partir de ce principe qui a un très grand respect de Dieu certes mais qui en contre partie annule notre liberté, notre choix et notre décision qui sont eux le facteur essentiel qui permet notre croissance ! car sans notre participation responsable et consciente, Dieu ne peut agir ! il reste bloqué ! ce point il faut le comprendre, il nous faut honorer notre liberté ! Dieu suggère, invite, envoie des messages mais ne force jamais la main ni la pensée ! il nous laisse libres !

Le premier commandement est fort dans sa description du fonctionnement humain : tout ton cœur, toute ton âme toute ton énergie ! il ne lésine pas, il ne dit pas : une partie, la moitié, comme tu peux, comme tu veux ! il marque la noblesse de la pureté et sa grande, mais aussi son exigence : tout. La pureté veut tout et Dieu veut la pureté ! l’amour pur c’est tout donner, tout donner de nous-mêmes, sans rien garder, possédant notre cœur ou des zones de notre cœur !

On ne peut tromper Dieu. Il veut de son côté se donner totalement à nous, et royalement ! mais il ne peut le faire si la porte de notre cœur est fermée ! et c’est à nous d’ouvrir ! et c’est en nous donnant nous-mêmes que nous l’ouvrons ! il n’y a pas d’autres moyens ; on ne peut tromper Dieu.

On se plaint que Dieu nous oublie etc…

Et ce don de soi à Dieu est à renouveler tous les jours ! on ne peut partir du principe que ceci ne se fait qu’une seule fois ! ce don de soi est à renouveler car la relation avec Dieu est une relation libre et que Dieu nous donne la possibilité de nous remettre en cause tous les jours afin de re-jouer notre liberté et de le choisir tous les jours ! chaque jour nous avons besoin de croissance divine ! elle est fondamentalement une collaboration entre Dieu et nous, deux être libres, qui se donnent l’un à l’autre afin de communiquer !

Communiquer, recevoir Dieu, cela suppose que l’on se donne mutuellement ! le Don que Dieu fait de lui-même n’est pas suffisant ! sans le Don de nous-mêmes, notre porte reste fermée et il ne peut entrer pour se donner à nous !

Nous avons besoin de nous nourrir de son Etre, nous avons besoin de recevoir Dieu lui-même dans notre cœur, dans notre âme ! cette réception ne peut avoir lieu sans cette pureté : le don total de nous-mêmes !

La lectio divina suppose de recevoir une Parole venant de la Bouche de Dieu. Pour pouvoir la recevoir nous avons besoin de nous donner totalement et sans condition à Dieu. Ce qui fait que le fond de la lectio, que la clef de son fonctionnement est tout simplement le Don que nous faisons de nous-mêmes !

C’est une loi de l’Evangile ! Heureux les cœurs purs et les pauvres de cœur, ils verront Dieu, ils recevront Dieu. La pureté et la pauvreté (c’est tout un) dont il s’agit ici, c’est tout simplement de se donner totalement et sans condition à Dieu. Et pour le faire il faut à la fois du temps, de la décision, et enfin : Marie. C’est elle qui nous apprend à nous donner ! c’est dans son sillage que nous pouvons nous donner !

Cela fait presque de la peine de voir l’énorme blocage qui existe en Dieu qui est, comme dit sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : compressé ! les flots d’amour sont compressés ! il veut se donner, mais il ne trouve presque personne pour Le recevoir ! mais il y a un immense malentendu aussi chez nous les humains, car nous avons perdu la clef d’accès à Dieu et nous ne comprenons pas comment procéder avec Lui, comment agir, comment nous comporter, comment entrer en contact avec Lui pour le recevoir ! Nous ne savons pas qu’il nous suffit de prendre la décision de nous donner à Lui, et qu’ensuite, pas à pas, il nous mènera vers le Bonheur ! Nous ne savons pas ce qui bloque ! nous ne comprenons pas pourquoi nous sommes si isolés de Lui ! Un énorme malentendu existe entre Dieu et nous !

Le Christ dit bien : vous qui avez la clef vous n’entrez pas et vous ne faites pas entrer ! pour entrer dans cet état de communication avec Dieu, il faut se donner à Dieu comme un enfant se donne ! voilà la clef d’entrée dans le royaume ! chercher Dieu, le désirer, le demander « de tout son cœur » ! voilà la clef qui ouvre notre cœur (le Cœur de Dieu est toujours ouvert) !!

         Il est évident que nous avons besoin de Marie à la fois comme catalyseur de ce don (qui est comme une réaction chimique) et comme Lieu de ce Don et de cette rencontre entre Jésus et chacun de nous ! C’est en elle qu’a lieu l’union du Ciel et de la terre ! c’est en elle que la volonté de Dieu est faite sur terre (nous) comme elle est faite au ciel (Dieu qui nous aime). Marie facilite, oriente, réalise avec divine dextérité ce Don ! Ce point en fait est capital ! Zacharie n’a pas pu se donner à Dieu ! Zacharie représente toute l’humanité ! Marie va croire pour lui, va croire pour chacun de nous ! il suffit de nous confier à Elle, elle qui est le Vaisseau céleste qui nous porte à la rencontre du Soleil qu’est le Christ. Elle sait qui il est, où il est et comment agir envers Lui ! elle imprime (presque comme un moule le ferait) en nous sa manière divine de faire, de nous donner ! du dedans, elle nous apprend à nous donner ! elle est l’aide, en vis à vis, de Jésus. Elle le connaît, elle est os de ses os, chair de sa chair ! elle provient de lui, elle est « tirée de » lui elle est l’Epouse parfaite, elle sait faire ! vouloir se donner à Lui, sans passer par l’Aide qui lui est assortie, l’Aide qui lui est en « vis à vis », c’est comme vouloir entrer dans la maison par une autre porte, comme le fait le voleur ! Jésus nous montre la Porte, et c’est Marie, qui est « chair de sa chair ». Elle lui appartient et il nous la donne comme aide, exemple, lieu de résidence divine, lieu de devenir !

         Pour faire la lectio il faut appeler Marie toute Pleine de l’Esprit de Dieu. On ne peut entrer en contact avec le Christ et l’écouter sans oreille intérieure ! on ne peut laisser le Christ entrer en nous sans nous donner à Lui, et la meilleure manière est d’avoir recours à la capacité que le Christ a mise en Marie ! Nous avons besoin des bras du Christ pour arriver au Christ ! nous avons besoin de Marie pour arriver au Christ ! c’est tout un ! Marie est l’ascenseur dont parle sainte Thérèse de l’Enfant Jésus.

        « Vous le savez, ma Mère, j’ai toujours désiré d’être une sainte, mais hélas! j’ai toujours constaté, lorsque je me suis comparée aux saints qu’il y a entre eux et moi la même différence qui existe entre une montagne dont le sommet se perd dans les cieux et le grain de sable obscur foulé sous les pieds des passants; au lieu de me décourager, je me suis dit: le Bon Dieu ne saurait inspirer des désirs irréalisables, je puis donc malgré ma petitesse aspirer à la sainteté; me grandir, c’est impossible, je dois me supporter telle que je suis avec toutes mes imperfections, mais je veux chercher le moyen d’aller au Ciel par une petite voie bien droite, bien courte, une petite voie toute nouvelle.

         Nous sommes dans un siècle d’inventions, maintenant ce n’est plus la peine de gravir les marches d’un escalier, chez les riches un ascenseur le remplace avantageusement. Moi je voudrais aussi trouver un ascenseur pour m’élever jusqu’à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection. Alors j’ai recherché dans les livres saints l’indication de l’ascenseur objet de mon désir et j’ai lu ces mots sortis de la bouche de La Sagesse Éternelle: « Si quelqu’un est tout petit qu’il vienne à moi ». (Pr 9,4) Alors je suis venue devinant que j’avais trouvé ce que je cherchais et voulant savoir, ô mon Dieu! ce que vous feriez au tout petit qui répondrait à votre appel j’ai continué mes recherches et voici ce que j’ai trouvé: – Comme une mère caresse son enfant, ainsi jevous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous balancerai sur mes genoux! (Is 66,12-13) Ah! jamais paroles plus tendres, plus mélodieuses, ne sont venues réjouir mon âme, l’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au Ciel, ce sont vos bras, ô Jésus! Pour cela je n’ai pas besoin de grandir, au contraire il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus. » (Ms C 3r°-v°)

         C’est tellement clair que cette « voie », que cet « Ascenseur » c’est bien Marie. Elle le montre bien, même si c’est légèrement voilé : « comme une mère caresse son enfant ainsi je vous consolerai , je vous porterai sur mon sein » etc… quels signes plus clairs pour indiquer que les bras de Jésus sont Marie, que cet Ascenseur est Marie, que la petite voie est Marie elle-même !

«Aux affaires du ciel daigne me rendre habile,

montre-moi ces secrets cachés dans l’Evangile.

Ah! que ce livre d’or

est mon plus cher trésor

Rappelle-toi » « .

En conclusion il est important de se rendre compte de la puissance transformante du Don de nous-mêmes! Ceci va mettre en marche notre vie, inaugurer un processus de transformation dans notre vie, un passage de la Croix absurde, du Destin sourd, à la Croix du Christ, à une aire plus large, un horizon ouvert, à une dilatation du cœur, de la vie, de notre destin! On commence à « dissoudre » l’absurde, à prendre part à notre propre destinée.

Exemple de ce don de soi qui change le cours de notre vie

et qui nous fait entrer dans un autre système de fonctionnement!

Quand on découvre l’enseignement sur la lectio, on trouve que les 55 minutes à y passer sont longues et qu’on n’arrive pas à les caser dans notre journée! On peut donc faire cette prière qui en fait distingue bien entre vouloir et pouvoir, entre garder les deux bouts: le sel de l’Evangile (à ne pas diluer) et notre vie quotidienne (où l’on voit mal comment introduire 55 minutes de plus). Comment concilier les deux bouts? Faisons cette prière de don total et déterminé de nous-mêmes qui montre notre intention sincère:

« Seigneur, je vois que cette méthode est bonne, et qu’il y a un appel à la faire, mais je ne trouve pas le temps durant ma journée. Je te demande de tout cœur de m’éclairer et de réorganiser ma journée afin que je puisse placer ce temps sacré de rencontre avec toi. »

Après avoir fait cette prière, il nous suffit d’ouvrir les yeux et les oreilles pour voir ce que le Seigneur va faire! Il attendait en fait notre détermination à l’écouter, il va donc pouvoir nous ouvrir un chemin de sortie de cette terre d’Egypte, terre d’esclavage qu’est notre vie quotidienne si remplie!

Histoire vraie: un enseignant en maths avait fait cette prière car il ne voyait pas comment placer ces 55 minutes dans son emploi de temps! Il donnait beaucoup de leçons particulières! En début d’année scolaire il a noté qu’aucun élève ne s’était présenté à lui pour des leçons particulières! Son salaire est insuffisant pour lui faire joindre les deux bouts! Bien qu’il avait déjà inauguré un autre rythme dans sa vie, avait même aménagé un petit espace dans son appartement pour ce temps sacré de rencontre avec Celui qui veut lui parler, il a paniqué! Car sans le revenu des leçons il ne pouvait continuer ainsi! Il venait de se marier et sa femme était enceinte. Je lui  ai dit: ne t’inquiète pas! Le Seigneur t’a montré que ton rythme de travail était excessif! Tu es un bon enseignant et les élèves t’apprécient et tu en as beaucoup mais il y a des priorités et un équilibre à garder. Il t’a fait jeûner pendant un certain temps par rapport aux leçons, comme cela tu as pu inaugurer un autre rythme et une autre compréhension de l’ordonnance de ta journée. Elle est désormais menée par le Christ! Tu pourras ensuite reprendre les leçons mais avec discernement, en donnant à chaque chose son temps!

Ce n’est pas parce que ce qu’il fait (comme travail) est bon qu’il faut alors en faire avec excès! Il y a d’autres valeurs et d’autres priorités dans la journée!

         En conclusion nous sommes portés à ne pas adapter l’Evangile à la mesure de notre vie actuelle et d’essayer, tant bien que mal, d’insérer dans certains espaces un temps pour le Seigneur, presque en le volant d’une journée bien remplie! Il s’agit d’inverser complètement le mode d’opérer et de dire que la priorité est à Dieu, qui est plus sage! Si je me soucie de mes biens matériels, il s’en soucie! Là n’est pas le point! Ce qui ne va pas, c’est qu’il n’est pas le Seigneur de ma vie! Et en arriver (au nom du « real » world dans lequel nous vivons) à exclure Dieu complètement de l’équation de la vie quotidienne est simplement absurde! Il faut opérer une inversion copernicienne, démarche de sagesse qui part d’en haut et réordonne les choses! Dieu fera faire le passage, et ce, pas à pas! Il n’y a pas à ce poser mille question: comment je vais faire! Il suffit de lui dire tout notre désir, de tout notre être de l’avoir comme Premier! De lui dire en toute simplicité que l’on ne voit pas comment s’en sortir, mais qu’on aimerait qu’il ait toute la place dans notre vie! Ensuite, après avoir pris cette grande et importante décision, il s’agit d’ouvrir les yeux, et les oreilles pour voir les indications qu’il va nous montrer afin de faire un premier pas, ensuite un second etc… afin qu’il puisse vraiment être la Source de Lumière et de Bonheur durant notre journée! Nous passerons ainsi de la brume d’une vie sans Dieu comme premier principe, à un horizon qui s’ouvre toujours de plus en plus, où Dieu réorganise, reconstruit notre vie, pas à pas!

         Je n’ai pas à concevoir le changement, c’est une œuvre trop difficile, je n’ai pas à ce niveau suffisamment de sagesse pour le voir et le faire! J’ai simplement à manifester clairement mon désir et mes intentions à Dieu. Plus ma détermination et mon désir de le choisir et de le mettre à la première place sont entiers, plus tout se liguera pour m’ouvrir un nouvel horizon et me montrer, petit acte après petit acte, comment faire. Une vrai sortie d’Egypte se réalise alors! Je sors d’une terre d’esclavage où j’étais esclave d’un destin obscur et absurde vers une terre dont Dieu est la Lumière.

Bâtir sa vie chrétienne selon ses propres vues de ce que l’on pense qu’est la vie chrétienne est encore appartenir au système du monde! Ce dont on a besoin c’est de donner les rennes de notre vie à Dieu, de le laisser nous guider, de partir d’en haut, de ses vues à Lui et non de ce que l’on pense être juste! Il s’agit d’avoir l’humilité de dire que Dieu voit mieux que nous et surtout ensuite de lui laisser libre champ d’agir dans notre vie en nous mettant totalement entre ses mains, en lui disant que nous voulons le suivre! Il tient bien sûr compte de ce que nous sommes actuellement, mais il tient aussi compte de ce qu’il est et qu’il est notre Destin! Il tient les deux bouts et trace un chemin, qui part de ce que l’on est et qui aboutit à ce qu’il est: trois fois Saint, trois fois « tout-autre »!

Sainte Thérèse d’Avila et les deux systèmes

Ce qu’il est important de noter c’est la ressemblance – en fait ils sont identiques – entre la notion des « deux systèmes » et d’un point fondamental dans la doctrine spirituelle de sainte Thérèse : sa notion de perfection. Cette notion de « pratique à la perfection » apparaît dans deux endroits différents : d’abord dans l’ensemble même de la structure du « Chemin de Perfection » et ensuite dans sa doctrine des Cinquièmes demeures, doctrine de la voie qui va nous mener à la Grâce de l’Union de volonté.

Dans son livre « Chemin de Perfection », Ste Thérèse nous invite à pratiquer les trois vertus évangéliques d’humilité, d’amour et de détachement « à la Perfection », c’est-à-dire de nous hausser, de nous pousser à la limite supérieure dans notre manière de répondre à l’appel de Dieu au quotidien.

Cinquièmes demeures de sainte Thérèse

« Mais, infortunés que nous sommes, rares sont ceux qui doivent y parvenir ! Cependant, celui qui se garde d’offenser Dieu et qui est entré en religion croit avoir tout fait. Oh ! que de vers sont restés inaperçus, comme celui qui rongea le lierre de Jonas (Jn 4,6-7) ! Ils ont rongé nos vertus par l’amour-propre, l’estime personnelle, nos jugements sur le prochain, par de petites choses aussi, le manque de charité envers les autres faute de les aimer comme nous-même ; car si nous arrivons, à la traîne, à remplir nos obligations pour ne pas commettre un péché, nous sommes encore bien loin de l’union totale à la volonté de Dieu. » (5ièmes Demeures, III,6)

Exemple du P. Marie Eugène

« Telle personne marche accomplissant son devoir, bonnement, sans ferveur comme sans lâcheté apparentes; ses actes sont bons mais faibles. Te1le autre, sa voisine, s’en distingue à peine, mais sa ferveur éveillée soutient une fidélité attentive à purifier son intention et à ajouter à ses actes ce petit rien qui en assure la perfection: ses actes sont bons et intenses. Cette dernière et elle seule, s’exerce en l’amour. Les années passent dans une vie commune qui les unit et les différencie assez peu extérieurement. Cependant, la deuxième est parvenue à l’union de volonté, tandis que la première, mieux douée peut-être, s’est endormie dans une facilité et un automatisme qui ont arrêté tout progrès. » (« Je veux voir Dieu »)


La liberté intérieure

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La liberté intérieure est nécessaire :

– pour avoir une paix véritable au fond du cœur, pour atteindre le véritable bonheur

– pour pouvoir prier

– pour pouvoir servir

Sans cette liberté, notre cœur est divisé, notre énergie est divisée, notre pensée est occupée, souffre et est facilement tourmentée par notre souci.

Au lieu de souffrir du fait de ne pas donner tout notre cœur au Seigneur, de souffrir du fait de ne pas en finir avec l’homme ancien, il vaut mieux en finir une bonne fois pour toute avec l’homme ancien ! « allons mourir avec lui » dit Thomas en parlant de Lazare (Jn 11). Sinon, nous pouvons trainer dans cette situation durant des années, en n’ayant donné qu’une partie de notre cœur. C’est une vie divisée, toute de souffrance, sans clarté, sans compréhension de ce qui doit être fait !

Cette liberté est atteinte par un acte qui rassemble toute notre énergie et nous permet de choisir le Christ par dessus de tout obstacle.

Cette liberté s’acquiert aujourd’hui, si on le désire. Si on n’y arrive pas, nous savons au moins que c’est dans cette direction qu’il faut « courir ». Par conséquent, nous pouvons reconnaître au Seigneur notre faiblesse et pauvreté, et lui demander de nous aider à faire cet acte.

Dans notre vie nous aurons toujours des obstacles, des difficultés, de problèmes. Le Seigneur gère et gouverne notre vie, et nous propose des difficultés, des obstacles, comme des examens, ou mieux des opportunités pour nous battre, en nous surpassant, choisissant le Christ par dessus tout, les vaincre, dépasser. Ce qu’il attend de nous c’est un vigoureux acte où on Le choisit par dessus tout.

Nous nous focalisons sur le problème en soi, et nous faisons de notre mieux pour l’éliminer (croyant bien faire), de nous en débarrasser et ce, pour avoir la paix ! Or en fait le véritable obstacle n’est point le problème en soi, mais l’effet (négatif) qu’il a sur nous (l’influence néfaste qu’il a sur nous, ou mieux l’influence que nous lui permettons d’avoir sur nous !). Nous sommes appelés à apprendre à vivre avec le problème sans nous laisser influencer par le problème. Certes, après avoir posé l’acte de libération où l’on choisit le Christ par dessus tout, le problème pourra continuer à avoir un effet sur nous, mais cet effet sera comme une invitation à renouveler l’acte. Cependant c’est le premier acte qui ouvre grande la voie.

Comprendre que si le Seigneur nous appelle, tout contribue pour notre bien et qu’ainsi tout ce qui nous arrive, nous arrive par dessein de Dieu : Il attend de notre part que nous produisions un acte qui nous donnera la liberté.

Par ailleurs, Ste Thérèse de l’Enfant Jésus dit : je m’arrange toujours pour être heureuse (ou quelque chose de cet ordre). La joie, le bonheur sont un choix, de voir la moitié remplie du verre et ainsi la voir grandir (en se rappelant toutes les grâces reçues de par le passé mais oubliées : une grâce reçue n’est jamais passée, elle est toujours actuelle et est capable de continuer à donner des effets aujourd’hui (les dons de Dieu sont sans repentance).

Si nous n’arrivons pas à voir ce qui est rempli, faisons un examen de conscience avec Marie et l’Esprit Saint afin qu’il nous rappelle toutes les grâces que nous avons reçues (et que nous avons oubliées) et qui forment un socle dur qui nous permet de choisir la joie, la liberté, le bonheur.

Quel est le rôle de l’obéissance ?

1% de l’obéissance est ce que nos supérieurs et notre Règle et Constitutions nous demandent. Par contre, 99% de l’obéissance qui nous est demandée est de garder notre cœur totalement entre les mains de Jésus. C’est lui qui nous enseigne à aimer. S’il n’est pas notre amour, si ce n’est pas Lui qui possède totalement notre cœur, alors nous manquons au premier commandement (« tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur »).

L’obéissance a pour but en fait de nous détacher de ce que l’on fait, car elle nous porte d’une responsabilité à une autre, et ainsi nous dit que Dieu n’est ni  ici ni là, mais qu’il est dans notre cœur. Elle nous détache de ceci et cela, pour nous inviter à nous attacher au Christ qui est partout, quelle que soit la tache que l’obéissance nous demande d’accomplir (1%).

Personne n’a un droit sur notre cœur ! il est créé à l’image et à la ressemblance du Christ notre Epoux, et seul lui a un droit absolu sur notre cœur, et c’est pour cela qu’il est à la porte de notre cœur et frappe, nous demandant si nous voulons bien lui donner notre cœur.

L’obéissance ainsi que les responsabilités qui nous sont données (devoir d’état) n’impliquent point qu’on y mette notre cœur ! Notre cœur doit demeurer entre les Mains du Christ.

Jean Khoury

1999-2000


[1] Difficile de trouver le mot juste. On pourrait dire « mode de vie », mais c’est bien plus profond qu’un mode de vie! C’est tout notre agir, à la fois dans sa partie visible, mais surtout dans ses racines profondes, dans ses motivations réelles, à sa source profonde: Dieu. Modalité de connaître et d’agir! Mais c’est plus encore que cela! J’ai alors choisi la parole « système » n’en trouvant pas une autre! Je lui donne donc toute cette valence!

[2] Nous sommes « dans le monde » cependant notre système de fonctionnement profond n’est pas celui du monde! Il ne s’agit pas – comme nous allons le voir – de se dire ou de se croire chrétien, il faut aussi que le fonctionnement interne de notre vie le soit aussi! Ce n’est pas en ajoutant une décoration (comme celle des fêtes de Noël), décoration qui ne touche que la surface de ma vie, que je suis pour autant chrétien! Une transformation profonde de mon agir (et ce n’est pas une morale mais un comportement plus profond) est à envisager! On peut être moralement chrétien mais ne pas avoir son compte bon selon ce nouveau critère. Il ne s’agit pas uniquement d’éviter le péché.

[3] Et on ne peut tromper Dieu. On ne peut rendre à Dieu que de l’Amour. Aimer c’est tout donner et se donner soi-mêmes! Donner autre chose que de l’Amour à Dieu, c’est vouloir l’acheter à bas prix! Il ne marche pas! On ne peut que se donner soi-même! C’est la monnaie qu’il comprend (voir la veuve qui a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre)

[4] Jésus pourrait dire: « Marthe Marthe, ton cœur est partagé entre le Royaume et les autres choses à faire! Unifie ta vie en te donnant à Dieu et lui ensuite te redistribuera comme il l’entend, mais ton cœur restera en Lui. Je ne te reproche pas de faire ce que tu fais, Marie et Joseph ont eu une vie normale! Mais je te reproche de ne pas d’abord me donner toute ton attention! Ensuite, je te redistribue à tes tâches, mais ton cœur est à moi, ton énergie est à moi! »

[5] « Ils sortirent, montèrent dans le bateau et, cette nuit-là, ils ne prirent rien. » (Jn 21,3)

[6] « tu rechercheras Yahvé ton Dieu, et tu le trouveras si tu le cherches de tout ton cœur et de toute ton âme. »  (Dt 4,29)