Après avoir été sérieusement averti par Dieu de l’importance de sainte Thérèse, juste après sa mort et pendant plusieurs décennies, au point qu’un des papes a dit qu’elle était « la plus grande sainte des temps modernes », le peuple de Dieu a eu tendance a progressivement perdu cette conscience de l’importance de Thérèse jusqu’à atteindre un point où Thérèse est désormais considérée comme une sainte parmi d’autres.
En soi, ce serait une grande perte de ne plus percevoir l’importance capitale de Thérèse pour l’Eglise. Certains diront que le message de Sainte Faustine est le même que celui de Thérèse. D’autres la compareront avec d’autres saints. D’autres encore diront que le fait que le pape Jean-Paul II l’ait déclarée « Docteur de l’Église » va dans le sens contraire de ce que je dis. Ces objections peuvent sembler imparables, mais lorsque l’on regarde la réalité, au quotidien, l’importance de Thérèse n’est pas comprise comme Dieu voulait qu’elle le soit dans les décennies suivant sa mort. Ceci ne veut pas dire qu’on l’ait comprise elle, mais on percevait bien qu’elle était importante et qu’elle apportait quelque chose de nouveau et d’important. De fait, d’autres pourraient dire : « a-t-elle jamais vraiment été comprise, même dans le passé ? », ou « n’avons-nous pas été fidèles plutôt à la douceur et gentillesse de la petite fleur de Lisieux sans encore atteindre le cœur de son enseignement et le sens de sa mission dans l’Église ? ». certes des Théologiens de taille se sont penchés sur Thérèse et sur sa mission. Cependant, lorsque Mgr Guy Gaucher OCD a été interviewé en 1992 – l’année de la publication de tous ses écrits en un seul volume (le Totum) – et aussi après son doctorat en 1997, il a eu l’audace de dire que : « tout commence maintenant » ! Il voulait dire par là que l’aventure de connaître la vraie Thérèse ne faisait que commencer ! Cent ans après sa mort !

Certes, Thérèse est Docteur de l’Eglise. Elle a un message à nous transmettre. Elle a d’abord vécu son message. Ceci dit Thérèse n’est pas n’importe quelle sainte, par n’importe quel docteur de l’Eglise. Elle est unique dans l’histoire de l’Église ; elle est bien au-dessus des autres saints. Je peux déjà entendre des gens s’indigner en lisant cela. Mais cette déclaration n’est pas faite à la légère. Dans l’histoire de l’Église, dans les deux mille ans de notre tentative de comprendre l’Évangile et de le vivre, Thérèse est unique. Parmi les maîtres spirituels que l’Église a eu durant deux mille ans, Thérèse est différente, mais pas que légèrement différente ! Elle est « révolutionnairement » différente ! Elle se place bien au-dessus de la foule des Maîtres de la Vie Spirituelle. Cependant, au lieu de discuter cela, il est préférable d’essayer de comprendre pourquoi de telles affirmations peuvent être faites. Je ne prétends pas que ces quelques mots donneront toutes les raisons, mais certaines d’entre elles sont exposées ci-dessous. Voici succinctement une liste de points où Thérèse brille d’une lumière unique :
– Sa relation extrêmement profonde et développée avec la Vierge Marie est totalement négligée. Nous nous fixons sur des stéréotypes, en citant certains de ses écrits et en négligeant le corps principal de ses écrits. Nous ne voyons pas vraiment qui elle est par rapport à Notre-Dame. Il faut aussi savoir lire toute la dimension implicite de cet aspect de sa vie.
– Sa capacité à incarner l’enseignement le plus profond sur la Vie Spirituelle que nous ayons aujourd’hui, c’est-à-dire celu qu’exposé par Saint Jean de la Croix. Le fait de monnayer l’enseignement de saint Jean de la Croix est une révolution en soi, cela montre qu’il est « pour tous », que les hauteurs qu’il décrit sont « pour tous » !
– Le discernement pratique qu’elle offre sur la manière de vivre l’enseignement de Saint Jean de la Croix, sans aucune manifestation extraordinaire… ce qu’elle appelle « la voie commune ». Cette voie incarne tout de même une vie mystique/spirituelle profonde qui atteint les sommets de la vie spirituelle.
– Son esprit pratique, révèle comment aimer Jésus au quotidien, en utilisant tous les événements de la journée pour L’aimer. Sa notion de martyre par petites piqûres. Sa notion de tout faire pour purement « faire plaisir à Jésus ». Ne pas chercher de récompense ou de mérite.
– Sa première épreuve (1889-1892) et son importance significative. Elle correspond à la Nuit de l’esprit. Il y a ici une mine extraordinaire d’information sur la Nuit de l’esprit décrite par saint Jean de la Croix. Beaucoup pensent que cette purification n’est pas pour tous et voilà que Thérèse en offrant sa voie, son expérience, comme la « voie commune » pour toutes les âmes et surtout les plus petites, elle nous dit que la « nuit de l’esprit » est pour tous !
– Son Acte d’offrande éclaire d’une manière incroyable la Vie Spirituelle, la prière, et surtout l’Oraison, et aussi sur la manière dont nous gérons notre relation avec Dieu (seul l’amour nous rend agréables à Dieu, « toutes nos justices ont des tâches aux yeux de Dieu ».
– Son espérance et sa conviction que Dieu veut lui donner tout ce dont elle a lu chez Saint Jean de la Croix. « Plus on espère plus on obtient. »
– Sa « Petite Voie » si souvent mal comprise et réduite.
– Sa dernière épreuve (1896-1897) et son sens profond… sa fécondité apostolique.
– Sa manière de prier pour les autres, et de réaliser pleinement le sacerdoce baptismal, atteint des profondeurs incroyables et dévoile de nombreuses lumières. Sa puissance apostolique.
– Le visage radicalement différent de Dieu qu’elle nous montre. Son expérience et sa connaissance de Dieu sont d’un autre ordre. Il en va de même pour sa compréhension de l’Évangile et des Écritures.
– La manière dont elle traite directement avec Dieu : un mélange d’audace incroyable, de compréhension profonde de qui est réellement Dieu, comment Il pense, comment Il nous voit, etc. comment « prendre Dieu par le cœur », comment lui demander de nous « punir par un baiser ». Comment elle s’adresse à Lui au quotidien de manière pratique.
– Bien sûr, et le point le plus important, est la façon dont elle aimait Jésus. Cela inclut, il faut le dire, tout ce qui précède.
La liste est longue et dans tous ces domaines et sujets, elle a offert des lumières incroyables. Son Doctorat est d’une importance considérable. Elle révolutionne la Théologie Spirituelle et la Formation Spirituelle dans l’Eglise.
La Révolution Copernicienne de Thérèse
Il y a encore une autre perspective révolutionnaire importante qu’elle nous offre concernant notre relation avec le Seigneur, c’est-à-dire notre relation avec le Saint-Esprit. D’une part, cela peut parfois être négligé, mais d’autre part, cela peut libérer ou débloquer de nombreuses personnes sur leur chemin spirituel. L’intuition à laquelle je fais référence combine tous les éléments précédents. Pour expliquer son intuition, je pense que nous pouvons la résumer en trois aspects qui devraient être combinés et fusionnés spirituellement :
1- Ce que nous sommes, nos faiblesses, nos péchés passés, les profondes taches du péché en nous, les mauvaises habitudes, nos défauts…
2- Ce que Dieu est, son véritable visage ou son identité – ici Thérèse est tout simplement révolutionnaire – comment Il nous regarde ; ce qu’Il attend de nous ; ce qu’Il voudrait accomplir en nous ; Son désir incroyable de se donner à nous.
3- Les conditions nécessaires pour aimer Dieu. Elles ne sont pas ce que nous pensons, par exemple, lorsque nous croyons devoir Lui plaire en accomplissant de bonnes actions. Que faire de nos faiblesses, comment traiter nos péchés (après avoir péché), comment aimer Dieu, comment devenir saint malgré ou à cause de nos faiblesses… comment ouvrir notre être – indépendamment de notre état (péchés, fautes, etc.) – à l’Amour inconditionnel de Dieu.
Thérèse entre au carmel de Lisieux à l’âge de quinze ans. À l’âge de dix-sept ans, elle lit Saint Jean de la Croix, le Cantique spirituel et la Vive Flamme, et demande à Dieu de réaliser en elle tout ce qu’elle a lu. Elle subit une profonde purification, à travers des épreuves difficiles et de plus en plus purificatrices, de 1889 à 1892. À la suite de l’action de Dieu en elle, elle découvre été fait face intérieurement à son propre néant. Après cet hiver spirituel, à partir de 1893, elle entre dans une nouvelle phase printanière où l’amour de Dieu la guide.
La suite des événements révèle amplement comment cette nouvelle phase se déploie.
Le 9 juin 1895, elle reçoit une grâce très puissante lui montrant jusqu’où va le désir de Dieu de nous aimer, afin de nous donner son amour : l’Esprit Saint (elle Le nomme : l’Amour Miséricordieux de Dieu). Elle comprend que son incapacité à être sainte par elle-même [elle note bien que « toutes nos justices ont des tâches » aux yeux de Dieu, donc ne sont pas reçues par Dieu] n’est pas un obstacle à l’effusion de l’Amour de Dieu, mais que le contraire est vrai. C’est une énorme découverte où la dynamique de notre relation avec Dieu est totalement inversée. C’est Dieu qui nous rend agréable à Dieu. C’est l’Amour que Dieu veut nous donner qui nous rend agréables à Lui, nous élève à Lui. Elle se sent alors invitée à s’offrir totalement, inconditionnellement (comme une offrande d’holocauste) à l’amour miséricordieux de Dieu. À partir de ce moment-là jusqu’à sa mort, le feu de Dieu prend possession d’elle de manière complètement nouvelle.
En avril 1896, Dieu l’introduit dans « le pays de l’ombre de la mort » (Is 9,2), l’assoit « à la table des pécheurs », tout comme Jésus qui voulait s’asseoir et manger avec les pécheurs (Mt 9,11), et elle prie avec ses frères et sœurs pécheurs pour être pardonnée et libérée. Le Feu intérieur est toujours là, mais il n’est plus ressenti, comme cela deviendra clair à partir de la Lettre 197 (voir ci-dessous).
En septembre 1896, elle fait une retraite importante. Elle en rend compte par écrit à sa sœur Marie qui vit avec elle au Monastère. Son récit est une prolongation des nouvelles dynamiques déclenchées de manière décisive par l’Acte d’Offrande. En fait, elle offre plus de détails et de développements de l’Acte d’offrande. Ce texte est aujourd’hui appelé leManuscrit B. En réponse au récit de sa retraite, sa sœur Marie lui objecte en disant qu’elle est beaucoup plus faible que Thérèse, qu’elle n’est pas enflammée d’amour comme elle, qu’elle ne ressent aucune passion d’amour comme elle, et plus important encore, et en conséquence, Marie sent qu’elle ne peut pas s’offrir à l’amour de Dieu, qu’elle en est indigne, etc. En un mot, elle dit : « Je ne suis pas comme toi », ce à quoi Thérèse répond par une lettre de feu, la Lettre 197 (voir ci-dessous). Dans cette lettre, Thérèse développe une doctrine qui peut déjà être perçue lors de sa première épreuve (1889-1892) et qui a été considérablement renforcée le 9 juin 1895. La doctrine qu’elle offre – nous devons l’appeler une « doctrine » – est ici révolutionnaire, presque inédite dans l’histoire de l’Église. C’est une illustration et un développement de quelque chose que nous lisons chez Saint Paul, mais que nous ne saisissons pas vraiment au fond. Saint Paul écrit : « Il [le Seigneur] m’a dit : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. » C’est pourquoi je me glorifierai bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. » (2 Cor 12,9) Nous pensons à la perfection d’une certaine manière, comme si c’était l’éradication de toutes les faiblesses, être fort face aux épreuves et aux tentations, avoir surmonté toute possibilité de chute, pour finalement découvrir que la compréhension que Dieu a de la perfection de l’amour est complètement différente. En réalité, plus nous comptons sur Son Amour, plus Son amour est actif en nous. Notre faiblesse n’est pas un obstacle, si nous apprenons à l’offrir à l’amour de Dieu. Notre perfection est, en toute vérité, l’amour de Dieu en nous. Mais d’abord, lisons cette lettre.
J.M.J.T.
Jésus
17 Septembre 1896.
Ma Soeur chérie, je ne suis pas embarrassée pour vous répondre… Comment pouvez-vous me demander s’il vous est possible d’aimer le Bon Dieu comme je l’aime ?…
Si vous aviez compris l’histoire de mon petit oiseau, vous ne me feriez pas cette question. Mes désirs du martyre ne sont rien, ce ne sont pas eux qui me donnent la confiance illimitée que je sens en mon coeur. Ce sont, à vrai dire, les richesses spirituelles qui rendent injuste, lorsqu’on s’y repose avec complaisance et que l’on croit qu’ils sont quelque chose de grand… Ces désirs sont une consolation, que Jésus accorde parfois aux âmes faibles comme la mienne (et ces âmes sont nombreuses) mais lorsqu’il ne donne pas cette consolation c’est une grâce de privilège, rappelez-vous ces paroles du Père : «Les martyrs ont souffert avec joie et le Roi des Martyrs a souffert avec tristesse.» Oui Jésus a dit : «Mon Père, éloignez de moi ce calice.» Sr chérie, comment pouvez-vous dire après cela que mes désirs sont la marque de mon amour ?… Ah ! je sens bien que ce n’est pas cela du tout qui plaît au Bon Dieu dans ma petite âme, ce qui lui plaît c’est de me voir aimer ma petitesse et ma pauvreté, c’est l’espérance aveugle que j’ai en sa miséricorde… Voilà mon seul trésor. MARRAINE chérie, pourquoi ce trésor ne serait-il pas le vôtre ?…
N’êtes-vous pas prête à souffrir tout ce que le Bon Dieu voudra ? Je sais bien que oui, alors, si vous désirez sentir de la joie, avoir de l’attrait pour la souffrance, c’est votre consolation que vous cherchez, puisque lorsqu’on aime une chose, la peine disparaît. Je vous assure que si nous allions ensemble au martyre dans les dispositions où nous sommes, vous auriez un grand mérite et moi je n’en aurais aucun, à moins qu’il ne plaise à Jésus de changer mes dispositions.
O ma Soeur chérie, je vous en prie, comprenez votre petite fille, comprenez que pour aimer Jésus, être sa victime d’amour, plus on est faible, sans désirs, ni vertus, plus on est propre aux opérations de cet Amour consumant et transformant… Le seul désir d’être victime suffit, mais il faut consentir à rester pauvre et sans force et voilà le difficile car «Le véritable pauvre d’esprit, où le trouver? il faut le chercher bien loin» a dit le psalmiste… Il ne dit pas qu’il faut le chercher parmi les grandes âmes, mais «bien loin», c’est-à-dire dans la bassesse, dans le néant… Ah ! restons donc bien loin de tout ce qui brille, aimons notre petitesse, aimons à ne rien sentir, alors nous serons pauvres d’esprit et Jésus viendra nous chercher, si loin que nous soyons il nous transformera en flammes d’amour… Oh ! que je voudrais pouvoir vous faire comprendre ce que je sens !… C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour… La crainte ne conduit-elle pas à la Justice ?… Puisque nous voyons la voie, courons ensemble. Oui, je le sens, Jésus veut nous faire les mêmes grâces, il veut nous donner gratuitement son Ciel.
O ma petite Soeur chérie, si vous ne me comprenez pas c’est que vous êtes une trop grande âme… ou plutôt c’est que je m’explique mal, car je suis sûre que le Bon Dieu ne vous donnerait pas le désir d’être POSSEDEE de Lui, de son Amour Miséricordieux s’il ne vous réservait cette faveur… ou plutôt il vous l’a déjà faite, puisque vous vous êtes livrée à Lui, puisque vous désirez être consumée par Lui et que jamais le Bon Dieu ne donne de désirs qu’il ne puisse réaliser…
9 heures sonnent, je suis obligée de vous quitter, ah ! que je voudrais vous dire de choses, mais Jésus va vous faire sentir tout ce que je ne puis écrire…
Je vous aime avec toute la tendresse de mon petit coeur d’enfant RECONNAISSANT
Thérèse de l’Enfant Jésus rel.carm.ind.
(1) A la justice sévère telle qu’on la représente aux pécheurs mais pas de cette Justice que Jésus aura pour ceux qui l’aiment.
La compréhension habituelle que nous avons de la vie spirituelle est que nos péchés déplaisent à Dieu, et que nous devons donc nous repentir, nous abstenir, nous confesser et changer. Nous pensons que nous devons d’abord être parfaits pour plaire à Dieu. Cependant, toutes ces dynamiques sont mesurées selon notre propre façon de « mesurer » le péché ou les « bonnes actions ». De manière significative, nous nous concentrons sur nous-mêmes au lieu de regarder Dieu. Nous pensons que nous pouvons plaire à Dieu. Nous n’en doutons pas, et nous croyons que c’est en évitant le péché que nous pouvons plaire à Dieu. Bien sûr, cela est correct : en aucune circonstance, nous ne devons pécher. Il est clair que nous devons éviter le péché. Mais le problème réside ailleurs : nous pensons que c’est cela qui nous permet de plaire à Dieu et d’être acceptés par Lui. Nous croyons que nous avons le pouvoir de plaire à Dieu. L’essentiel est que, oui, il est nécessaire de plaire à Dieu, mais ces dynamiques ne suffisent pas. Le cœur de la découverte de Thérèse, le 9 juin 1895, est que même nos « bonnes » actions ont des tâches aux yeux de Dieu (voir l’Acte d’Offrande). Même nos actes justes sont imparfaits. Cela signifie que, par nos propres efforts, nous ne pouvons pas plaire à Dieu – il nous faut autre chose, un autre chemin. En fait, nous avons besoin de Dieu pour plaire à Dieu, car seul Dieu (en nous) peut plaire à Dieu. C’est comme si nous étions dans un circuit fermé. Et nous devons entrer dans ce circuit.
Comment cela fonctionne-t-il ? Avant tout, il faut admettre que cette découverte est propre à un stade avancé de la vie spirituelle. Mais Thérèse n’hésitait pas à la partager avec tout le monde. En fait, dès le premier jour, elle montre le chemin à l’âme débutante. Elle l’appelait même « sa petite voie vers Dieu, directe et facile », qui en la comparant à l’escalier ardu de la sainteté ressemble plutôt à l’ascenseur. En réalité, l’escalier ardu de la sainteté est une allusion à l’ascèse, à nos propres efforts accomplis avec l’aide générale de la grâce de Dieu. Mais, en soi, il n’existe pas d’escalier ardu qui mène vraiment à la sainteté. C’est juste une illusion que la majorité d’entre nous avons – nous pensons que nous pouvons être de bons chrétiens par nos propres efforts, avec nos propres codes de conduite et notre morale. Mais en réalité, sans l’Esprit Saint (l’Amour Miséricordieux de Dieu), nous ne pouvons pas plaire à Dieu. Nous devons recevoir l’Esprit Saint, lui permettre de « saisir » notre être intérieur tel qu’il est, le transformer, l’élever et l’introduire à Dieu lui-même. Nous avons besoin de l’Esprit Saint pour devenir capables de plaire à Dieu.
L’objection principale semble encore s’accrocher à nous : « Je suis faible, misérable, j’ai beaucoup péché, je continue à tomber, pour moi, il est impossible de plaire à Dieu »… « Je ne ressens pas l’amour de Dieu »… Il ne nous viendrait jamais à l’esprit – et c’est là la Révolution de Thérèse – que plus nous sommes faibles, plus nous sommes « adaptés » à l’Amour de Dieu. Le poids de Dieu, le désir de Dieu est de s’abaisser de plus en plus ! Dieu, dit Thérèse, trouve une plus grande satisfaction à s’abaisser davantage. Ainsi, notre faiblesse n’est pas un obstacle mais un avantage, à condition de l’accepter et de l’offrir à l’Amour de Dieu. Nous ne pensons jamais que Dieu attend que nous offrions notre faiblesse, même notre péché ! Nous voulons offrir à Dieu les bonnes choses en nous. Nous ignorons que tout notre être est un combustible pour le Feu de l’Amour de Dieu. Tout en nous, s’il est offert avec confiance et abandon, est combustible pour le Feu de l’Amour de Dieu.
Ce qui est bon en nous ne suffit pas aux yeux de Dieu : « toutes nos justices ont des tâches » (Acte d’Offrande). Cela signifie que nous ne pouvons pas plaire à Dieu par notre propre justice et fidélité. Nous devons offrir à l’Esprit Saint – Amour de Dieu – même ce que nous pensions être « bon ». Il le prend, le pénètre, le transforme, l’élève et l’introduit à Dieu. Il le rend agréable aux yeux de Dieu. Par conséquent, tout en nous, bon ou moins bon ou, Dieu nous en préserve, mauvais, doit être offert à l’amour de Dieu. Tout en nous est vraiment combustible pour le Feu de l’Amour de Dieu.
Souvenons-nous, Dieu est un véritable Feu, un Feu qui ne détruit pas, mais qui donne la vie divine, qui nous rend vivants, actifs, aimants.
En ce sens, ce qui était perçu comme un obstacle – notre faiblesse, notre péché, etc. – peut être utilisé comme quelque chose de combustible pour le Feu de l’Amour de Dieu en nous. Nos « excuses » deviennent nos atouts. Cela dépend de nous de les utiliser. Nos obstacles deviennent un tremplin vers Dieu si nous savons les offrir à son Amour qui vient les prendre, les brûler, prendre notre cœur, le purifier et l’élever. La voie directe vers Dieu. Par Dieu vers Dieu.
Nous entendons Jésus dire : Je suis venu pour que les pécheurs aient la vie divine ! Je ne suis pas venu leur demander comme condition pour les recevoir d’être d’abord des saints. Je suis venu pour d’abord les changer, pour leur donner mon Amour, qui peut les transformer, les rendre agréables à mes yeux, pour que je puisse les introduire en Moi.
En somme, au lieu de nous regarder dans le miroir spirituel pour voir à quel point nous sommes « bons » ou « mauvais », il est préférable de regarder Jésus, de voir dans son cœur son désir de nous donner son Amour enflammé. Après avoir péché, il est important de regarder Jésus, et non pas nous-mêmes, ce qui, malheureusement, semble parfois renforcer le péché par un autre péché, celui de retarder la réception de l’Amour Miséricordieux de Jésus.
Seigneur Jésus, garde nos yeux fixés sur ton Amour, aide-nous à comprendre à quel point c’est seulement ton amour qui nous rend agréables à tes yeux et nous introduit profondément en toi. Amen.
Seigneur Jésus, aide-nous à voir que plus nous nous sentons faibles, plus nous devenons adaptés à ton amour. Apprends-nous, ô Seigneur, à habiter dans cette pauvreté spirituelle. Bienheureux les pauvres en esprit, car le leur est l’Amour enflammé de Jésus.
Jean Khoury