ARNOLD BOSTIUS, Carme

Théologien carme et humaniste (également connu sous le nom d’Arnold van Vaernewijck) ; né à Gand en 1445 ; décédé à Gand le 4 avril 1499. Bostius, sous-prieur et peut-être prieur à Gand, a servi comme directeur spirituel des religieuses carmélites. Il a été grandement influencé par le réformateur carmélite bienheureux Jean Soreth (décédé en 1471). Très intéressé par le mouvement humaniste, Bostius a promu les études classiques au sein de son ordre et était en contact avec des humanistes de premier plan tels qu’Érasme, Sébastien Trithème, Robert Brant, Gaguin, et le bienheureux Baptiste de Mantoue. Il était un défenseur de l’Immaculée Conception et a écrit sur le patronage de la Vierge Marie envers les Carmes (« De patronatu et patrocinio Virginis Mariae » (voir plus bas les extraits)). Bostius a également composé des œuvres sur l’histoire de son ordre (De illustribus viris ; Speculum historiale ; et Breviloquium tripartitum).

Bibliographie: « Epistolae Arnoldi Bostii Gandavensis, » Monumenta historica Carmelitana, ed. b. zimmermann (Lérins 1907) 511–522. p. s. allen, « Letters of A. B., » English Historical Review (London 1886) 34 (1919) 225–236. c. de villiers, Bibliotheca carmelitana (Orléans 1752); ed. g. wessels, 2 v. in 1 (Rome 1927) 1:198–200. a. de saint paul, Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques (Paris 1912–) 4:555–558. g. mesters, Lexikon für Theologie und Kirche, ed. j. hofer and k. rahner (Freiburg 1957–65) 1:892–893. e. r. carroll, Doctrina Mariologica Arnoldi Bostii, 1445–1499 (Doctoral diss. unpub. Pontifical Gregorian U. 1951); The Marian Theology of Arnold Bostius, O.Carm., 1445–1499 (Rome 1962).

Extraits du « De patronat et patrocionio Mariae »

Le but des extraits ci-dessous est de montrer comment les Carmes voyaient leur vocation, la place de Marie dans leur vie et celle du Prophète Elie. N’oublions pas que les Carmes considéraient que la petite nuée qui apparait à Elie (1 Roi 18,44) et qui sera une grande pluie de grâces était le symbole de Marie.

1525 : ce que je suis, ce que je vaux, je le lui dois, je le proclame sans cesse. Jadis Elle m’a tant comblé de biens, que j’ai le devoir de vénérer partout les traces de ses pas… Je naquis dans la paroisse de Ste Marie, un samedi… je fus baptisé dans l’église de Ste Marie, je fus éduqué dans une autre paroisse de Ste Marie, où j’appris vivre chrétiennement comme j’y appris à lire. Puis, faveur extrême, dès mon enfance, Elle me reçut, indigne, dans son sein et m’introduisit dans la terre du Carmel pour que j’habite tous les jours de ma vie dans la maison de ma mère. Elle me revêtit de son manteau blanc comme la neige, me nourrit, accrut mes forces, me décora de son titre glorieux. Depuis le berceau, depuis le sein de ma mère, toujours Elle fut ma Mère très aimante et ma toute chère Patronne. Devant parler de cette Dame pleine de munificence, de ma Mère, … que je dois servir en tout, j’aurai le droit d’être quelque peu plus diffus que ne le requiert strictement la question à laquelle il me faut répondre. 

1529 : La déiforme Marie honora ces chercheurs de la sainteté de sa sainte présence…. pleine de clémence, Elle leur témoigna son affection maternelle, car Elle les considérait comme ses fils… Elle les appela communément ses Frères, parce qu’ils menaient une vie conforme à la sienne… La nature elle-même nous enseigne que la similitude resserre plus étroitement les liens de l’amitié… heureux, trois fois heureux étaient-ils de pouvoir jouir de la vue, de al conversion, du commerce familier de cette sublime et très douce Mère, d’être instruits par les mœurs, les vertus, les exemples de cette parfaite servante de Dieu, qui, même par son silence, était une vivante exhortation à la pratique de toutes les vertus. A oui, je crois que le saint troupeau du Carmel… Instruit par les exemples et la doctrine d’une si haute Maîtresse… se sera souvent écrié quand il sentait les effets de son abondante charité : « D’où nous vient ce bonheur que la Mère de Notre-Seigneur daigne venir nous visiter ! Ô Mère bienheureuse que jusqu’à maintenant nous attendions, Vous qui avez institué notre Ordre, qui l’avez organisé et le gouvernez maintenant de façon parfaite ; Vous êtes l’accomplissement de la Loi, la fin des figures, l’explication des Prophètes, la manifestation de la vérité. Prosterné devant vous, ô première Parente toute vénérable de la famille carmélitaine, nous qui avons la joie d’habiter cette sainte montagne, nous remplissons nos cœurs à Vos fontaines ; nous professons ouvertement être dirigés par votre main, aidés par vos suffrages ; illuminés par Votre lumière, transformés en Vous et vos mœurs. Restez donc avec nous, Ô Marie, Notre Dame : nous plaçons notre refuge en votre sein ; il convient à une mère de demeurer auprès de ses fils ; à une maîtresse de ne pas abandonner ses disciples, à une abbesse de ne pas quitter ses sujets, à une dame de converse avec ses serviteurs […] se prosternant aux pieds d’une telle Mère, ils se donnent à Elle tout entiers, lui offrant avec toute la dévotion possible tous leurs hommages corporels et spirituels. […] heureux les habitants du Carmel, et non seulement ceux qui virent la Bienheureuse Mère de Dieu de son vivant… chaque frère peut se féliciter d’avoir une aussi digne, une aussi sainte Sœur, Mère et Patronne. […] À Vous notre saint Père Élie s’est consacré, lui et ses fils. Vous-même ornez et ennoblissez par vos incomparables vertus toute la génération du Carmel depuis ses origines…

1533 : Bienheureux les fils du Carmel qui voient en personne la Sainte Mère de Dieu, source idéale de toute joie, et combien sont embellis tous ceux qui méritent l’amitié de celle qui ne faut qu’un avec le Christ. 

1534 : À moins que l’on ne connaisse par la foi la vraie Divinité, on ne pourrait pas croire qu’il existe quelqu’un qui puisse surpasser la Vierge […] Toi aussi, qui que tu sois, Frère du Carmel, a ton tour ai soin de te montrer à l’égard de Marie, bon frère. N’oublie jamais le pacte de bienfaisance et de communion réciproques que pour sa part elle gardera solidement intact.

1535 : Cependant nous ne devons pas nous contenter de protester de notre amour envers Marie. Son imitation s’impose. Nous sommes donc les frères et les fils de la Vierge Marie, mais comme l’affirme saint Jérôme, les fils et les frères des Saints ne sont pas ceux qui tiennent leur place… Mais ceux qui accomplissent leurs œuvres. Si en menant une vie corrompue, tu appelles ta Sœur la Mère admirable de toute incorruption, tu souilles en le faisant passer dans une bouche infâme, ce nom incorruptible… Tandis que tu te glorifies de ton nom il faut vivre de manière à conserver ce que ton nom signifie. Nous devons nous appliquer en pensant à Marie les paroles que saint Léon pape adressait à tout chrétien : « Nous usons d’une fausse profession de foi, si nous ne suivons pas les enseignements de celui dont nous nous glorifions de porter le nom ». Et le carme doit veiller à ce que jamais parle péché, il ne mérite que pense à lui le Fils premier-né de Marie en disant : « Les Fils de ma Mère ont lutté contre moi ». 

1536 : [Le véritable enfant du Carmel tout d’abord imitera sa Mère et Sœur]. S’il est vrai que jamais personne ne l’égala ni ne l’égalera en vertu, tous pourtant peuvent marcher sur ses traces […] [Que le Frère se tienne tout le temps sous l’influence de Marie] Invoque-la assidûment, approche-toi avec confiance du trône de la grâce ; salue-la fréquemment. Elle est digne de toute louange et veut bien plus te porter secours que tu ne le désires toi-même…. Répète-lui la missive de la Sainte Trinité (l’Ave Marie)… ce sera à chaque fois embrasser la mère aimante. 

1537 : Tu as blessé mon cœur, ma Sœur, mon Épouse, tu as blessé mon cœur ? […] Que son souvenir amoureux t’accompagne de jour et de nuit ; pendant tes démarches, tes travaux, tes conversations ; au milieu de tes joies, de tes tristesses, de ton repos. Qu’Elle occupe toujours une première place dans le vestibule de ta mémoire. Poursuis-la d’apostrophes amoureuses ; dis-lui : Ouvre-moi ton cœur, ce domicile de clémence, ô ma sœur, mon amie, ma colombe, mon immaculée, amour de mon cœur ! Oui, tu es mon cœur et mon âme, ô Vierge Marie ! […] Par le lien d’une si affectueuse pitié, par un appât si irrésistible de charité et d’unité, tu l’attireras si bien que de ses trésors, elle te donnera largement communication. Marie tient en main les clefs de deux sources, la source de la miséricorde pour les pécheurs, la source de la grâce pour ceux qui désirent progresser. Si tu vis en familiarité avec cette sœur di digne d’être aimée, dont la conversation n’a rien d’amer, dont la compagnie n’apporte aucun ennui… elle viendra toujours au devant de toi. Et le plus sûr moyen d’obtenir toute grâce, c’est de faire passer par elle tout prière. Quelque chose que tu veuilles offrir à Dieu, ne tarde pas de la confier à ses mains ; Elle s’occupera diligemment des affaires de son frère chéri. Qu’il aille donc à elle en toute confiance : « Montre lui tes blessures, tes ulcères ; en ta faveur, Elle montrera à ton juge qui est son Fils, sa poitrine et ses seins. Elle te recommandera au nom de ses mérites et avec une telle insistance que Jésus montrera au Père son côté et ses plaies et tu ne pourras être repoussé quand de telles preuves d’amour parleront pour toi. Chaque jour tu deviendras plus grand, plus intérieur, plus fort, plus éclairé, plus pur, en un mot, meilleur : car Elle enseigne les voies de Dieu.

1540 : Invoquez-la assidûment, hâtez-vous avec confiance vers le trône de sa grâce ; saluez-la à maintes et maintes reprises, car elle est la plus dine de louange et qu’elle désire vous aider encore plus que vous ne le désirez vous-même. Quand on l’aime, elle ne manque jamais d’aimer en retour et quand on ne l’aime pas, elle montre d’autant plus son amour et par son amour, elle se fait aimer.

Puisse le souvenir aimant de Marie vous accompagner jour et nuit, dans votre pèlerinage et dans votre travail. Puisse ce souvenir faire partie de votre conversation, de votre récréation, de votre douleur et de votre repos. Dites-lui avec sincérité : « Ouvrez votre cœur, demeure de la compassion, ma sœur, ma bien-aimée, ma colombe, mon immaculée, l’amour de mon cœur. Vous êtes en fait mon cœur et mon âme, oh ! Vierge Marie ! » Et ajoutez cette belle expression d’Esdras : « Mère, embrassez vos fils…renforcez leur pas, menez-les avec joie. »

1545 : Tu es cette femme de Sarepta qui encore maintenant procure à NP Élie, en la personne de ses fils, réconfort et refuge. […] Tu es cette petite nuée montant du Carmel qui avait la forme d’une paume d’homme et cet homme c’était NP Élie. […] Tu es ce genévrier qui l’a relevé dans son abattement. Tu es le char de feu dont le seul aspect l’enleva au paradis.

[…]

Au pied de cette montagne, il se choisit une demeure à l’image de la pauvreté et humilité de celui qui devait l’habiter. Là, il fut donné … IL s’est ainsi présenté aux regards ornés de ces vertus comme d’un diadème, d’une couronne brillante, des perles les plus précieuses. Le parfum de ses vertus s’est communiqué à l’assemblée carmélitaine comme les gouttes du baume le plus pur. C’est ainsi qu’il rayonnait pour l’exemple d’autre. […]

Dans le Saint Esprit, il brûlait tout entier de l’incendie du saint amour, en lequel il se consumait comme un holocauste immolé par le feu divin. Il est sorti du creuset des tentations comme un or très pur, deux fois éprouvé, digne en de l’honneur du Roi de gloire. […] 

Cet Élie… parce qu’il contemplait dans son esprit prophétique la naissance du Rédempteur dans le sein d’une Vierge très pure, pleine de toutes les grâces, vertus, dons, béatitudes, ornée de la multiplicité de tous les mérites s’est coulé tout entier dans l’amour d’une Vierge exaltée au-dessus de toute créature ; à la manière des amants, comme à une épouse, il lui a présenté l’anneau d’or de sa foi. C’est ainsi que par son exemple éminemment fécond, il apprend à ses fils présents et futurs à se réfugier dans le sein de cette très sainte Mère de tous.

1573 : [Pour marquer la puissance de son intercession, l’auteur nous fait assister à un dialogue entre le Christ et sa Mère] : Le Fils de Dieu dit sous la poussée de la justice ; Je ferai mourir cet ingrat prévaricateur. La Vierge de toute clémence répond : Et moi, je le ferai vivre par la miséricorde, car je suis la Mère de la miséricorde. Quelque peu apaisé, Jésus continue pourtant à menacer : Il m’a offensé gravement et ma colère lui frappera des plaies. Mais la source de toute pitié ajoute : Je le guérirai par la grâce, car je suis pleine de grâce et il n’est personne qui puisse arracher quelqu’un de mes mains. Seule parmi toutes les créatures. Elle distribue les dons de son abondance à qui Elle veut, comme Elle le veut, autant qu’Elle le veut. […] La prière de la toute vénérable Marie s’appuie sur la justice ; le Fils ne peut rien refuser à sa Mère […] Ne craignez pas qu’Elle ne veuille toujours porter secours à ses dévots ; car Elle est la mère de la vie, la médiatrice du pardon, la mère de la grâce, la source de la pitié, l’impératrice de la clémence et la reine de la miséricorde. La Trinité divine l’a associée à son règne. Ainsi ceux qui tremblent devant la justice du Très-Haut se réfugieront auprès du trône de miséricorde de la très douce Mère, car Dieu a décrété de ne rien refuser à ses mérites et à ses prières. 

1574 : l’honneur et la gloire de toutes les femmes. 

1578 : Cette manière particulière dont Marie est la Mère du Carmel ne porte en rien préjudice à la raison générale qui la fait être la Mère très aimante de tous les chrétiens… Mais tout comme Élie qui est le Père de tous les religieux, l’est néanmoins d’une façon spéciale de ceux du Carmel, ainsi la Vierge Marie, Mère universelle de tous les chrétiens… est plus particulièrement la Mère et la Patronne des Frères Carmes. […]

Marie, la très digne Reine du ciel, prend vraiment un plaisir particulier à rencontrer dans le peuple les Carmes, parce qu’ils sont ses serviteurs par leur titre et parce qu’elle est leur Patronne. Comment pourrait-elle ne pas écouter ses fils et frères Carmes qui se sont engagés particulièrement à la défendre et à se faire ses champions, alors qu’ils sont aimés de façon particulière et qu’ils ont été choisis pour faire croître sa vigne florissante ? 

1580 : Tout ce que le Carmel contint jamais de beauté et de sainteté, tout ce qu’il répandit jamais de splendeur, Élie son première Père, le dédia d’avance à la très vénérable Mère de Dieu ; ses successeurs le lui donnèrent de fait, et l’Église apostolique, Mère et Maîtresse de toutes les églises, d’une manière toute particulière. 

1584 : Voilà ta Mère, s’écrie-t-il, ô vénérable famille du Carmel. Si Elle est la Mère de tous, à plus d’un titre est-elle particulièrement la tienne. Si Marie est ta mère, Jésus est donc ton frère, son Père est ton Père, son Royaume est ton héritage. Voici ta mère : la grâce de Marie est donc ton trésor. Car les mères thésaurisent pour leurs fils. Voici ta mère, dont le cœur est accessible à toute nécessité. Oui, ses entrailles sont bouleversées pour tout fils, frère de son fils. Aime-la donc, vénère-la comme si Elle était présente partout, et à partir de cette heure considère-la comme ta propre mère, afin qu’Elle te fasse un jour entrer dans sa gloire.  […]

Elle se révéla Carme à tous points de vue, spirituel ,corporel et littéral. 

1585 : la plus brillante et de loin, de toutes les créatures, … la gloire du Carmel

1593 : Remplissant l’office de vrai Pasteur, Elle veille sur chacun des siens comme sur la prunelle de ses yeux […] Le Carmel privé de son Père, à cause de l’enlèvement d’Élie, Elle le gouvernera à titre de Mère. […] Au paradis terrestre… Élie peut en toute sécurité se désister du soin de ses fils… : leur toute-puissante Dame, parente, mère et législatrice s’occupe de leurs affaires avec une sollicitude plus que maternelle. […]

Aussi longtemps que le monde existera, le Carmel aura un protecteur. Je suis le chariot et le charretier du Carmel, je remplace son père. C’est moi qui dirige ces orphelins de père ; je suis leur mère. Je garde dans mon cœur tout ce qui concerne le Carmel et moi qui suis leur mère, je nourris généreusement tous ceux qui sont nés du Carmel. 

1606 : Les fils du Carmel font partie de la famille de Marie

1609 : Les Carmes sont donc les fils et les frères de leur père Élie et de leur mère Marie, leurs très dignes parents.

1614 : Vierge d’une beauté incomparable, en elle sont réunis tous les dons de la nature et de la grâce ; plus que toute autre personne, elle est gracieuse, cahrmante, sereine, très belle, son teint est rose. 

1616 : Marie, supérieure du Carmel .La Vierge notre Patronne, la Princesse de toute la famille d’Élie, la Défense, le Chef, la Gardienne, l’Auxiliatrice et le Porte-drapeau de l’armée du Carmel. 

1619 : Marie, créature de plus haut rang, est le miroir de la Trinité

1630 : Élie est l’émule des anges innocents, le char de la milice carmélitaine et son premier conducteur, le zélateur le plus illustre de la gloire divine, l’astre brillant de l’univers tout éclatant des rayons des célestes charismes, le premier imitateur de la pureté virginale et de la solitude. […] Il est l’exemple de toute sainteté. […] Tout ce qui, dans ce peuple de religieux, peut avoir de grâce et de vertu, est sorti de lui comme d’une source très pure. […] Il est le miroir des vertus, la voie droite, la règle de conduite de la blanche phalange du Carmel ; il en est le chef et l’honneur. 

1642 ou 44 ?: [Le scapulaire] leur rappelle qu’ils doivent considérer sans cesse la vie salutaire de la sanctifiante Marie comme étant leur modèle, graver sur le bouclier de leur foi l’image de Marie jointe à celle de son Fils, lettre toute leur confiance en la protection toute-puissante de cette sublime Souveraine toujours prête à nous porter secours. Qu’ils sont heureux ceux qui accueillent avec suavité les dons de Marie dans les bras d’une affection réciproque, et se sachant nantis d’un si grand héritage, à la vue de ce vêtement se rappellent avec joie l’amour de prédilection dont les entoure la très aimante donatrice. […]

Ô précieux monument, monument vraiment extraordinaire de dignité, d’honneur, et d’une vertu invincible ! Ô Magnifique don d’une voix auguste cher à celle qui donne et à celui qui reçoit ! Don formé d’un céleste nectar, ruisselant de miel et de douceur ! Ô bouche virginale d’où ne peuvent découler qu’un baume pudique, des effluves d’aromates, des fleurs multiples et parfumées ! Ô très noble trésor, magnifique témoignage d’une charité universelle, d’une dilection inestimable, d’un amour souverain et très honorable, signe d’une alliance mutuelle, d’un souvenir de sainteté ; gage de salut éternel, présent magnifique, auguste et plus digne d’être aimé que l’or et le topaze ; faveur qui donne le salut avec plénitude et les biens célestes avec abondance ; présent aussi digne d’amour qu’il a de sublimité et de gloire ; honoré qu’il est de l’assistance libératrice et privilégiée de la très puissante Reine des Cieux…

1643 : Si les vains amants du monde gardent très amoureusement un petit présent qui provient d’une personne plus aimée, avec quelle plus grande dévotion, et quel plus profond respect chacun des carmes ne doit-il pas porter cet habit ? 

1644 : Les rois et les princes ont coutume de distribuer amicalement à ceux qui leur sont les plus chers les insignes de leurs ordres. Beaucoup de rois et de princes portent avec joie les insignes de la Toison d’Ord. « Et moi et mes semblables, petites gens comme moi, nous ne porterons pas moins joyeusement cet insigne du scapulaire de Marie, gage très doux de sa dilection, et pleins de confiance dans la toute puissance de celle qui nous en a dotés, sous son bouclier nous militerons en sûreté. 

De même que des voleurs audacieux, à la vue des insignes royaux sont effrayés et s’enfuient, ainsi ce don de la céleste Impératrice, signe de salut, dans les périls, … est effroyable aux démons… L’on raconte de certains capitaines, tel Arthur de Bretagne, qu’ils avaient fait peindre l’image de la Vierge Marie sur leur bouclier, et que cette vue au milieu de la lutte en péril de défaite leur rendait force et courage…, de même les Carmes portent cet habit comme un bouclier inexpugnable de jour et de nuit. Sous la puissante protection d’une telle Dominatrice dont le secours est toujours proche, ils ont particulièrement confiance. 

Voilà que la renommée de ce fait éclate. À cause d’un si singulier privilège, beaucoup d’hommes et de femmes de haute condition prennent les armes et le bouclier de la Reine des Cieux, s’offrent à la religion carmélitaine, sont marqués de ce saint habit, comme du signe spécial d’une fraternelle alliance et comme gage d’une future part à l’héritage. Des princes, des rois ont porté ce Scapulaire caché sous leurs habits ou leurs armures dans l’espoir de résister aux jours mauvais. Voilà de quelles grâce d’un prix inestimable fut le prélude, ce dont que fit Marie à saint Simon Stock. 

1654 : Regardez Élie, vous verrez Marie, car ils eurent même esprit, même discipline, même règle, même institution, même précepteur ; l’Esprit Saint

1655-1667 : 

  1. Élie comme son nom l’indique fut un soleil qui illumina le monde par sa sagesse et sa sainteté. Marie est la femme revêtu du soleil qui éclaire l’Église militante et triomphante, en faisant rayonner en ce monde la lumière de la foi.
  2. A tous deux revient la primauté de la virginité
  3. Élie est le premier des moines et Marie la première des moniales.
  4. Élie est une fleur d’innocence et Marie est l’Immaculée.
  5. Élie vécut dans la divine présence et Marie vécut dès cette vie dans l’intimité divine
  6. Élie fut visité et nourri par les anges, et Marie non moins que lui
  7. Destructeur de l’idolâtrie, Élie brûlait de zèle pour l’honneur de Dieu. Plus que tout autre, Marie aima et honora son Fils alors que seule elle détruisit toutes les hérésies de l’univers
  8. Si Élie fut prophète, Marie plus que lui enseigna les voies de Dieu.
  9. L’un et l’autre furent des modèles d’obéissance. 
  10. Élie fut plein de bonté et de clémence envers les petits, Marie ravit les cœurs par sa douceur. 
  11. Si Élie fit maintes fois des prodiges, Marie les multiplie chaque jour. 
  12. Si Élie fut emporté en paradis sur un char de feu sanas voir connu la mort ; Marie, triomphant de la mort, fut en cors et en âme élevée aux cieux. 

1662 : les observant avec une attention toute particulière, les recueillit avec avidité, les médita dans le secret de son âme, les pénétra promptement, les retint avec soin. Plus tard, lorsqu’Elle se trouva dans la société des apôtres, des évangélistes et des autres disciples, Elle les redit avec abondance, les rapporta avec exactitude, les transmit avec fidélité. […] Elle demeura sur terre après l’ascension de son Fils pour narrer au collège apostolique et à la famille carmélitaine ce qu’Elle avait vu, entendu et rassemblé dans son cœur. […] Heureux ceux qui furent, sont et seront par une étude attentive et studieuse attention, les disciples fidèles d’une telle maîtresse. […]

Elle englobait en un mot tous les commandements du Seigneur, lorsqu’en enseignante qualifiée, elle disait aux serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dit »

1668 : Il nous a paru savoureux de nous attarder un peu sur cette matière… Capable de nous exciter à suivre les traces de cette toute bonne Mère et du Père qui est notre modèle. 

1669 : De plus les Carmes, fils d’Élie et de Marie, sont prévenus et éduqués à imiter dans la ferveur Élie, rempli de lumière tant intérieure qu’extérieure, et Marie, qui, après Dieu, possède ce qu’on peut concevoir de plus pur et de plus brillant. 

1691 : Il reste à voir comment les frères doivent témoigner leur amour, leur grande vénération et leur respect fraternel à une telle sœur, à la meilleure de toutes les mères, à la Patronne douée d’un pouvoir sublime, d’une douce piété, d’une libéralité extrême et d’une salutaire fécondité. Parmi touts les hommes, elle a choisi les Carmes pour constituer une race qui lui appartient en propre et qu’elle protège avec un grand soin à l’ombre de ses ailes : Bien-aimée choisie par ses Frères, elle prie à tout instant pour eux, son peuple à qui, d’une certaine manière, elle donne le sein et qu’elle instruit d’un lait divin. 

Je ne parle pas du culte spécial ni des dévotions qu’ils ne doivent cesser d’offrir jour et nuit à la toute puyissante et divine mère qu’ils aiment tendrement, qu’ils vénèrent respectueusement, qu’ils louent avec ferveur, qu’ils magnifient au plus haut degré et qu’ils admirent plus tout tout. Dans leur cœur et par leurs paroles, ils proclament la place tout à fait spéciale qui lui est réservée à juste titre ; ils doivent garder présent à l’esprit tout ce qui assure à la famille carmélitaine les faveurs de la divine Marie : ils doivent aussi, au milieu du monde faire connaître son rôle efficace e tant que Patronne. Ils doivent reconnaître comme un droit l’obligation qu’ils ont de rendre grâce continuellement, car ils n’ont pas la capacité de rendre à ceux qui les leur accordent les bienfaits qu’ils ont reçus. Puisque, selon le Pape Grégoire, chacun porte la marque de son œuvre, on peut ainsi aisément reconnaître sous l’influence de qui elle a été réalisée ; de plus, toutes les églises des communautés des Carmes sont édifiées en l’honneur de la Glorieuse Vierge Marie et portent son nom vénérable. C’est pourquoi tout le Carmel proclame joyeusement : « J’ai choisi pour maison la demeure de la Mère du Christ, c’est là que la Vierge Sainte vient en aide à ses serviteurs. »

1697 : Elle brilla d’une telle pureté qu’après Dieu on n’en put jamais en imaginer de plus grande.